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MUSÉE à la Une Deux mondes bien réels La collection Ligabue d’art précolombien présentée au Museo Archeologico Nazionale de Florence Le Museo Archeologico Nazionale de Florence accueille du 19 septembre 2015 au 6 mars 2016 Il mondo che non c’era (Le monde qui n’existait pas) : une exposition sans précédent en Italie, offrant un vaste panorama de l’histoire des principales civilisations qui se sont développées en Amérique du sud, à une époque où l’ensemble de ce continent était encore une réalité insoupçonnée pour l’Occident. Réalisées en pierre, fi bres, argile, or, plumes, pour ne citer que quelques matériaux, les près de deux cent trente pièces présentées révèlent par leurs qualités formelles et leur diversité la grande richesse de la production artistique de Mésoamérique, l’aire intermédiaire, la région andine et l’Amazonie. D’un indéniable intérêt pédagogique, l’exposition apparaît aussi comme un vibrant hommage à la fi gure de Giancarlo Ligabue, décédé il y a à peine un an. Entrepreneur, paléontologue, homme politique, archéologue et, surtout, grand amoureux de tout ce que l’Homme a pu créer, ce Vénitien constitua une importante collection dont proviennent la quasi totalité des pièces d’Il mondo che non c’era. Nous avons eu le plaisir de rencontrer à Venise Inti Ligabue, instigateur de l’exposition et fi ls de cet homme hors-normes à qui une vie ne suffi t certainement pas à satisfaire tous les centres d’intérêt. Tribal Art magazine : Ce projet d’exposition a débuté voici plusieurs années, alors que votre père était encore en vie. Comment est née l’idée ? Inti Ligabue : Il mondo che non c’era est le résultat de la prise de conscience de l’importance de la collection que mon père avait commencé à constituer il y a près de cinquante ans. Je suis né dans un lieu privilégié – le Palazzo Erizzo –, au beau milieu de fabuleuses pièces 68 Propos recueillis par Elena Martínez-Jacquet d’archéologie classique, orientale et précolombienne, d’artefacts ethnographiques, de tableaux toscans du Trecento, de la Renaissance, du Settecento, des objets de design, et la liste pourrait être plus longue… Cependant, je n’ai réalisé le caractère exceptionnel de cet ensemble qu’après m’être lancé, voici cinq ans, dans un travail d’inventaire et de documentation de la collection. Comprendre que ma famille était dépositaire d’un patrimoine aussi riche fi t naître en moi un grand sentiment de responsabilité. Il me sembla alors absolument nécessaire de trouver une façon de le partager avec un large public. L’idée de faire une exposition temporaire s’imposa. Je choisis alors de me concentrer sur l’art précolombien, mû par d’autres circonstances personnelles. Ma mère, Sylvia, était originaire de Bolivie. Tout au long de sa vie, elle fi t en sorte que je ne perde pas de vue mon identité américaine. Aussi, dédier une exposition à la grandeur des civilisations précolombiennes m’apparut être une façon cohérente d’explorer mes racines. FIG. 1 : Inti Ligabue (à gauche) avec Jacques Blazy, commissaire de l’exposition Il mondo che non c’era. Photos de l’exposition et des pièces présentées : P. Y. Dhinaut et Vincent Girier. Pour l’ensemble de l’iconographie de cet article © Archivio Fondazione Giancarlo Ligabue. Ladite fondation est une évolution du Centro Studi Ricerche Ligabue (CSRL) évoqué dans l’article, dont le changement de statut a été annoncé en conférence de presse le 25 janvier à l’occasion de la commémoration du premier anniversaire du décès de Giancarlo Ligabue. Retour sur une exposition hommage


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