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2 Les marchands du XXIe siècle ont pris le parti de sortir de plus en plus de leurs galeries. C’en est terminé de rester dans leurs quatre murs à attendre l’acheteur ou celui qui viendra leur proposer un trésor retrouvé dans les combles de la demeure familiale. Hyperactifs, on les rencontre chez les collectionneurs, à des vernissages d’exposition, dans des soirées mondaines, des salons spécialisés, à la ville mais bientôt aussi à la campagne, là où les organisateurs de la dernière foire spécialisée – le Bourgogne Tribal Show – prétendent déplacer, du 26 au 29 mai, les amateurs d’arts extra-européens. Seuls ou regroupés sous des identités collectives, dont la plus fédératrice, avec dix-huit membres, est la Tribal Art Society, ils sont aussi chaque fois plus présents sur Internet, ce monde que l’on dit virtuel mais qui est désormais tout aussi réel que le sol que l’on foule à chaque pas. Tapez leurs noms sur Google, vous serez dirigés vers des sites régulièrement mis à jour et qui proposent à la vente une sélection d’objets souvent différente de celle présentée dans leur galerie. Recherchezles sur les réseaux sociaux, vous découvrirez les déplacements, les coups de coeur, les réfl exions de @JacarandaTribal, @degrunne, @artsdaustralie, @GalerieFlak et @TambaranGallery, pour ne citer que quelques usagers de Twitter parmi les plus actifs. Cette ouverture sur l’extérieur prend une dimension toute particulière lorsqu’il s’agit d’évoquer la présence croissante de marchands d’art tribal dans les salons d’art et d’antiquités généralistes au prestige établi et qui connaissent ces temps-ci un nouvel essor. Pour ne donner que deux exemples, la TEFAF de Maastricht a annoncé, alors que nous bouclions ce magazine, la mise en place de deux salons annuels à New York, et l’annualisation de la Biennale des antiquaires de Paris a été communiquée en juillet dernier. Certains diront qu’il s’agit là simplement d’une stratégie commerciale pour capter une nouvelle clientèle. Pour notre part, nous avons envie de penser qu’il s’agit plutôt de la manifestation d’une proactivité louable face au constat de l’inscription défi nitive de l’art tribal dans le domaine de l’Art, ainsi que d’un certain décloisonnement dans l’approche de la collection que l’on remarque notamment dans la nouvelle génération d’amateurs d’art. Ce magazine en a interviewé deux pour cette édition Printemps : Javier Peres à Berlin et Inti Ligabue à Venise. Devenus collectionneurs par des chemins très différents et possédant des goûts fort divers, leurs témoignages se rejoignent pourtant par le fait qu’ils révèlent une même sensibilité pour le Beau dans toutes ses manifestations et une conception de l’art comme un tout, où chaque domaine qui l’intègre est relié, formellement ou conceptuellement, aux autres formes d’expression de la créativité de l’Homme. Voilà une attitude qui rappelle celle de la Renaissance ; une autre période qui, avant la nôtre, connut un profond bouleversement dans le rapport au monde et la diffusion des idées grâce à l’une des premières « révolutions technologiques », l’imprimerie de Gutenberg. À creuser... Ces réfl exions partagées, nous ne voudrions pas terminer ces lignes sans souligner une nouveauté de cette édition que nos lecteurs fi dèles auront certainement remarquée au premier coup d’oeil. En fi n de volume, nous avons inclus un cahier spécial de seize pages imprimé dans un papier non couché consacré au Prix International du Livre d’Art Tribal (PILAT), que ce magazine décerne en partenariat avec Sotheby’s depuis 2009 et qui récompense les deux meilleures publications – l’une en langue française et l’autre en langue anglaise – parues dans l’année. Par là, nous avons souhaité renforcer la visibilité de l’excellent travail éditorial réalisé dans le domaine de l’art tribal. Un domaine qui doit beaucoup à la consignation du savoir par l’écriture que le PILAT célèbre et que vous, lecteurs, honorez de votre intérêt. Elena Martínez-Jacquet Notre couverture illustre un masque à deux faces du Gabon, issu de la collection Paul Guillaume. L’objet est illustré dans le portfolio de cette édition Printemps, dédié à l’album Les Sculptures Nègres, 1917, réalisé par Paul Guillaume avec le concours de Guillaume Apollinaire. Éditorial


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