133 CI-DESSUS : Doubles pages 174-175 et 146-147 d’Homme Blanc - Homme Noir. À GAUCHE : Sculpture d’évêque à lunettes. Nigeria. Reproduite en fi g. 190, page 238. T. A. M. : Ce livre accueille, parmi les auteurs, des personnalités étrangères – du moins a priori – au domaine de l’art africain tels Jean Echenoz et Patrick Mauriès. Que recherchiez-vous avec cette ouverture ? A. W. : Ouvrir le jeu ! Échapper à cette vilaine habitude qui veut que seuls des mandarins écrivent dans ce type de catalogue – en jargonnant le plus souvent pour être sûrs que le grand public soit largué. Sur un sujet comme le nôtre où diverses approches sont possibles, faire appel à des critiques ou des écrivains m’a paru une évidence. Quand on parle de l’époque coloniale, on doit rassembler des sources qui proviennent de diverses disciplines – lesquelles sont toujours plus ou moins hermétiques. Il faut des passe-murailles, des librespenseurs pour aborder ce type de sujet. T. A. M. : La riche iconographie qui accompagne les textes présente des oeuvres – qu’elles soient nées des mains d’artistes africains ou d’africanistes européens, d’ailleurs ! – pleines de vie, d’invention, d’humour et de beauté. Existe-t-il d’après vous une esthétique du métissage ? Comment la défi niriez-vous ? A. W. : Il faut distinguer : les africanistes, au demeurant peu nombreux, étaient, d’une certaine manière, documentaristes. Comme je l’ai déjà dit, du côté africain l’histoire est beaucoup plus complexe – je pense qu’il serait temps que l’on s’y intéresse vraiment. La sélection d’objets que nous avons opérée ne peut que donner une idée de la richesse créative, de l’humour, des stratagèmes qu’invente l’Africain pour dévier et défi er le tragique de l’ère coloniale. Ces objets souffrent de la dénomination « Arts Colons » qui les ravale au rang d’art mineur. Un peu comme l’art naïf, en pire. Médiocre souvenir pour touristes ou terribles souvenirs d’un véritable génocide. Il faudrait à l’évidence trouver mieux – mais le terme « Art Colon » risque d’avoir la vie dure car il a eu au moins le mérite de situer dans le temps et dans l’espace cette production.
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