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abstraites créées au cours de ces cinq dernières années résultent d’une approche similaire. Les artistes truffent leurs oeuvres de signes que seules les personnes de leur entourage sont capables de comprendre. Je pense que le fait de regarder des oeuvres qui partagent des affi nités – pas forcément visuelles, d’ailleurs – peut s’avérer très intéressant. De nombreux artistes contemporains avec lesquels je ne travaille pas régulièrement ainsi que plusieurs artistes que je représente ont été inspirés par ce concept et ont réalisé des oeuvres incroyables. L’exposition a rencontré un vif succès et nous avons placé quelques peintures majeures dans des musées américains renommés. Je travaille en ce moment sur ma prochaine exposition qui comprendra de l’art africain issu de ma collection et aura lieu en été 2016. Elle s’appellera Wild Style et s’intéressera à la fi guration dans l’art africain et l’art contemporain. L’objectif sera de transporter les visiteurs dans un monde imaginaire par le biais d’un périple intellectuel prenant sa source dans les salons surréalistes du début du XXe siècle. Nous publierons également un livre qui regroupera des images et des informations tirées de Wild Style et Group Spirit. T. A. M. : Vous évoquez les masques bundu – qui ne sont pas les seuls types d’objets africains que vous possédez – ; vous avez bâti ce qui est assurément l’une des plus vastes et des plus belles collections privées de ce genre de masques. Pourquoi avez-vous développé une démarche encyclopédique dans ce cas précis ? 122 J. P. : J’accumule ces masques-là parce que je suis fortement attiré par les représentations de la beauté dans l’art africain. Pour moi, un superbe masque-heaume bundu incarne la quintessence de la beauté, particulièrement en raison des coiffures extraordinaires et des belles patines foncées et brillantes qui symbolisent l’esprit de Sande sortant des eaux. Dès que j’ai l’occasion d’ajouter un beau masque bundu à ma collection, je n’hésite pas. Il y a quelques années, j’ai acquis un incroyable masque-heaume bassa de la collection William Siegmann auprès de Bernard Dulon à Paris. Cette pièce demeure l’une des pièces maîtresses de ma collection. Aujourd’hui elle se trouve dans ma chambre, sur un piédestal que j’ai disposé de manière à toujours la voir depuis mon lit. Quand j’ai commencé à acheter des bundu, je pensais au remarquable groupe qui se trouvait dans la collection Arman, mais aussi aux vastes ensembles de bustes en marbre du musée archéologique d’Athènes. Un jour je consacrerai une grande pièce de ma maison ou d’un musée à mes masques bundu. Chacun d’eux sera placé sur un piédestal de manière à ce qu’ils soient perçus dans leur ensemble. T. A. M. : Cela fait maintenant plus de quinze ans que nous nous connaissons. La première fois que nous nous sommes rencontrés, vous habitiez San Francisco et vous possédiez une petite collection de statues africaines représentant des femmes uniquement. Hormis votre intérêt pour les masques bundu, votre goût est nettement différent aujourd’hui. Comment votre approche de la collection a-t-elle évolué au fi l des années ? J. P. : Je me suis mis à collectionner de l’art africain en 2000 alors que j’étais encore avocat à San Francisco. À l’époque j’étais particulièrement intéressé par les notions de classicisme et les connexions unissant les arts grec, romain et africain. Je me suis d’abord passionné pour la forme féminine et j’ai commencé à chercher et à acheter des statues féminines lors de voyages d’affaires à New York, Paris et Bruxelles. Plus je m’y intéressais, plus j’étais attiré par différents types d’objets. Au début, je me suis consacré essentiellement à l’art de la Côte d’Ivoire et des régions avoisinantes – Ghana, Liberia, Sierra Leone, Mali, etc. Quand j’y repense, je réalise que je me dirigeais généralement vers des oeuvres que je qualifi erais aujourd’hui de jolies et relativement sages. Ces dernières années, je me suis vraiment « trouvé » en tant que collectionneur, je suis devenu plus audacieux et j’ai adopté Vues de l’appartement, 2015. FIG. 6 (À GAUCHE) : Figure debout. Mumuye, Nigeria. Ex-coll. Jean-Claude Andrault, Seillans ; Galerie Monbrison, Paris. Bois. H. : 81 cm. Blair Thurman, Goth Rocket II (Menthol 100’s), 2014. Peinture acrylique sur toile et bois. 186,1 x 87 cm. Cimier. Igbo, Nigeria. Ex-coll. Michel Perinet, Paris, 1978–1985 ; Christine Valluet, Paris, 1985 ; Donald Morris, Birmingham, Michigan, 1998 ; Myron Kunin, Minneapolis, 1998. Bois et pigments. H. : 76,8 cm. Photo : Hans-Georg Gaul. FIG. 7 (CI-DESSUS) : Cimier masculin. Eket, Nigeria. Voir fi g. 13. Max Lamb, Poly Dining Set Commission (12 chairs), 2014. Cimier cornu de la société du So. Fang ou Bulu, Gabon / sud du Cameroun. Bois, fi bres et pigment. H. : 52 cm. Autres objets de la salle à manger légendés en fi g. 6. Masques bundu légendés en fi g. 8. Photo : Hans-Georg Gaul.


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