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121 J. P. : Je pense que l’art africain éclaire l’art contemporain, notamment sur le plan esthétique. Il y a quelques années, j’ai décidé de partager mon intérêt pour l’art africain traditionnel avec mes amis et le public qui suit ma galerie. J’y voyais une réelle opportunité de montrer et d’explorer la manière dont ces traditions sont liées. Sans le savoir, certains artistes du début du XXe siècle ont créé un effet domino lorsqu’ils ont étudié les formes africaines et qu’ils ont accepté de se laisser infl uencer par ce qu’ils voyaient. Ce qui a commencé avec Picasso, Matisse et l’École de Paris s’est poursuivi jusqu’à aujourd’hui. L’art africain continue d’être une source d’inspiration, voire une infl uence directe et littérale, tout simplement parce qu’il est ancré dans notre subconscient ; c’est cela qui guide les artistes. Je retrouve cela dans la manière dont plusieurs de mes artistes favoris de ces dix dernières années ont envisagé la forme humaine dans leurs peintures et sculptures, et même dans leurs performances. Je me suis donc dit que les gens qui aiment l’art et les artistes que j’apprécie seraient eux aussi curieux de l’art traditionnel d’Afrique, et c’est une belle réussite jusqu’à présent. FIG. 4 (EN HAUT) : Masque crocodile. Dogon, Mali. Présentée comme collectée par Michel Leiris. Ex-coll. Han Coray, avant 1960 ; Galerie Témoin, Genève. Bois et pigments. L. : 61 cm. Cimier de la société sande. Gola, Liberia Voir fi g. 8d. Donna Huanca, BBHMM, 2015. 84 Jade épatant crème d’eyeliner sur de la laine. 140 x 240 cm. Photo : Andrea Rossetti. FIG. 5 (CI-DESSUS) : Masque. Baule, Côte d’Ivoire. Collecté par Hans Himmelheber au début des années 1930. Ex-coll. Lore et Dr Georg Kegel. Bois et pigments. H. : 28,6 cm. Masque. Dan, Côte d’Ivoire. Ex-coll. Shériff Sidibé, Abidjan ; Lionel Sergent, 2010 ; Valluet-de Fabry, Paris, France, 2010-2015. Bois et métal. H. : 28,6 cm. Mask. Diomandé, Côte d’Ivoire. Collecté par Jean Houzeau de Lehaie, 25 avril 1934. Ex-coll. Raoul Blondiau, Bruxelles ; Jacques et Denise Schwob, Bruxelles, 1953. Bois. H. : 29 cm. Photo : Andrea Rossetti. Vues de l’appartement, 2015. FIG. 2 (CI-DESSUS, AU PREMIER PLAN) : Jeremy DePrez, Untitled, 2015. Peinture acrylique sur toile. 221 x 167,6 cm. Figure masculine. Igbo, Nigeria. Ex-coll. Carlo Monzino, Castagnola. Bois et pigments. H. : 180 cm. Photo : Hans-Georg Gaul. FIG. 3 (AU MILIEU) : Merlin Carpenter, POLICE 11, 2013. Peinture à l’huile sur lin. 137,5 x 198,5 cm. Cimier ogbom. Groupe Ibeku, Oloro, Olokoro ou Ngwa, Igbo, aire d’Umuahia, région de la Cross River, Nigeria. Probablement obtenue auprès d’El Hadj Idrissou, Douala. Ex-coll. Alain Dufour/Galerie Afrique, Paris ; Alain de Monbrison, Paris, 2015. Bois, incrustations de métal et raphia. H. : 103 cm. Photo : Hans-Georg Gaul. À ce stade j’ai organisé une vaste exposition mariant l’art africain et l’art contemporain, qui s’intitulait Group Spirit. J’ai associé un groupe de peintures abstraites d’artistes contemporains américains et européens avec sept de mes masques-heaumes bundu d’artistes inconnus issus des cultures Bassa, Gola, Mende et Vai (Sierra Leone et Liberia). Je voulais montrer comment il était possible d’exprimer une signifi cation « secrète » aussi bien dans l’art africain que dans la peinture abstraite contemporaine. Les détails variés que l’on trouve sur les visages, les coiffures et les cous des masques-heaumes bundu revêtent une signifi cation qui était connue uniquement des femmes membres de la société Sande à l’époque où le masque était utilisé. De nombreuses oeuvres


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