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morceaux de bois légers et qui peuvent atteindre entre un mètre cinquante et deux mètres de longueur. On y trouve des représentations tridimensionnelles de pangolin composées d’une base sculptée dans un seul bloc de bois, teintes dans une couleur foncée et complètement recouvertes d’« écailles » issues de bambou (fi g. 22). Ces écailles sont habilement superposées de manière à cacher les clous qui les maintiennent en place. Picton écrit : « tout le monde se met à imiter les gestes du forgeron » lorsque le masque de pangolin arrive (Picton 1988 : 48-50). Le rôle du pangolin en tant que symbole de la forge peut être comparé à un autre rôle qu’on lui a prêté, celui d’une sorte de héros civilisateur dans le domaine de l’architecture, en particulier concernant la construction des toits telle que la pratiquent les Lega et les Bembe (voir plus haut). Le parallèle est encore plus étroit dans un chant de louange entendu chez les Bamasemola (un groupe Sotho d’Afrique du Sud) dans lequel on demande au pangolin (thakadu), le « boeuf aux écailles de fer »10, d’apprendre aux femmes à cultiver les champs avec des houes en fer et aux hommes à fabriquer et utiliser des armes : « ... Tu es le boeuf aux écailles de fer, Un mouton et pourtant un crocodile. Viens, fourmilier géant, quitte le chemin, Car tu dois apprendre aux femmes, Tu dois leur apprendre comment houer. Tu montres les fonderies, Pour forger leurs lances et leurs haches, Puis tu nous mènes vers la bataille. » (Eiselen 1932 : 14, 253). REPRÉSENTATIONS ARTISTIQUES DU PANGOLIN La plus ancienne représentation connue du pangolin apparaît probablement dans l’art du royaume de Bénin. Sur le socle d’un tabouret en bronze daté de la moitié du XVIe siècle fi gurent une image en relief d’un pangolin (fi g. 17- 19) ainsi que de nombreux autres symboles11. On remarque que le pangolin représenté est en captivité, car sa queue et l’une de ses pattes sont attachées à un piquet à l’aide d’une courte corde (Luschan 1919 : I. 479-482 ; Plankensteiner 2007 : 444 ; Tunis 1981 : 24, fi g. 4, 18 ; Girshick Ben- Amos 1995 : 49f.). Le motif du pangolin capturé avec une corde malgré qu’il soit protégé par son armure véhicule un message symbolique destiné aux guerriers afi n d’aiguiser leur prudence (Plankensteiner 2007 : 344f.). Ce motif fi gure sur deux couvercles de boîte en ivoire de Bénin du XIXe siècle, à côté de deux soldats portugais au combat. Les fi gures en bas-relief sur les deux couvercles sont presque identiques, mais sur l’un l’animal est captif, (fi g. 21) tandis que sur l’autre il est en liberté (fi g. 20)12. FIG. 17 (CI-DESSUS) : Tabouret royal d’Esigie avec plusieurs attributs animaliers, dont un pangolin. Edo, royaume de Bénin, Nigeria. Milieu du XVIe siècle. Laiton. H. : 38 cm. Ethnologisches Museum, Staatliche Museen zu Berlin, Stiftung Preußischer Kulturbesitz, inv. III C 20296. FIG. 18 (EN HAUT À DROITE) : Détail de la fi g. 17. Photo : Peter Junge. FIG. 20 (À DROITE) : Boîte avec un pangolin enroulé. Edo, royaume de Bénin, Nigeria. Début du XIXe siècle. Ivoire. L. : 15,6 cm. National Museums Scotland, Édinbourg, inv. 1985.309a. Photo : Trustees of the National Museums Scotland. FIG. 21 (CI-DESSOUS) : Boîte avec un pangolin enroulé capturé. Edo, royaume de Bénin, Nigeria. XIXe siècle. Ivoire. University of Pennsylvania Museum of Archaeology and Anthropology, Philadelphia, inv. 29-93-6a&b. Acquis dans la succession de George Byron Gordon. Le pangolin dans l’art africain FIG. 19 (CI-DESSUS) : Tabourets royaux de Bénin, trophées de guerre de Sir Ralph Moor acquis aux enchères en 1905 (J. C. Stevens) par le musée de Berlin. La fi g. 17 apparaît à droite. D’après Felix von Luschan, Die Altertümer von Benin, 1919, fi g. 813 (Berlin III. C. 20 295) et 814 (Berlin III. C. 20, 296). Avec l’aimable autorisation du Ross Archive of African Images, rossarchive. library.yale.edu.


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