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91 la Barnes Foundation – et le rôle essentiel qu’a joué Barnes comme chantre des valeurs esthétiques et sociales de l’art africain – n’est pas communément admise. Historiquement, l’importance des sculptures africaines de la Fondation a été reléguée au second plan par l’enthousiasme suscité par les célèbres peintures modernes européennes exposées simultanément. Par conséquent, l’intérêt et les idées de Barnes concernant l’art africain sont mal compris. Le présent article met en lumière l’histoire et la fi nalité de la Barnes Foundation. Il décrit la formation et le contenu de la collection d’art africain de Barnes et se penche sur sa pertinence au sein de l’institution. Loin d’être un simple faire-valoir des tableaux d’avant-garde et des autres oeuvres occidentales de la collection, l’art africain s’impose comme un pivot essentiel des conceptions esthétiques et des valeurs progressistes qui défi - nissent la Barnes Foundation. ALBERT BARNES, PAUL GUILLAUME ET LE MARCHÉ ÉMERGENT DE L’ART AFRICAIN À l’époque où Barnes a commencé à collectionner de l’art africain, en 1922 – l’année même de l’établissement de sa fondation – il avait déjà amassé une fortune qui lui avait permis de constituer ce que l’on considérait dès 1914 comme « la collection la plus invariablement moderne d’Amérique »2. Barnes a surmonté une enfance diffi cile dans un quartier pauvre de Philadelphie pour devenir millionnaire, grâce à la fabrication du composé d’argent Argyrol, largement utilisé pour combattre les infections oculaires chez les nouveau-nés. Se décrivant lui-même comme un peintre raté ayant développé très tôt un intérêt pour l’art, il s’est mis à réfl échir sérieusement à la création d’une collection d’art en 1912, un projet réalisable grâce au succès de sa société pharmaceutique implantée à Philadelphie, A. C. Barnes Company. Sa première incursion dans l’univers des collectionneurs, il la doit à l’un de ses anciens camarades d’école, le peintre réaliste américain William J. Glackens (1870-1938), qui FIG. 3 (À GAUCHE) : « Catalog and Desiderata, Collection of Negro Art, Nelson Rockefeller. » AR.1999.31.1. The Museum of Primitive Art Records, Visual Resource Archive, Department des arts d’Afrique, d’Océanie et des Amériques, The Metropolitan Museum of Art, New York. FIG. 4 (CI-DESSUS) : Couple assis du maître de la Barnes Foundation. Dogon, Mali. Fin du XIXe - début du XXe siècle. Bois. H. : 64.5 cm. The Barnes Foundation, A197. Photo : Rick Echelmeyer. © 2015 The Barnes Foundation.


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