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78 FIG. 16 a-b (À GAUCHE ET PAGE SUIVANTE) : Manteau ‘ahu ‘ula. Archipel d'Hawaï. Milieu du XVIIIe siècle probablement. Plumes rouges d'‘i‘iwi (Vestiaria coccinea), plumes jaunes et noires d'‘o‘o (Moho sp.) et fi bres d'olona (Touchardia latifolia). 168,5 x 283,5 cm. Provenance : Attoo, prince couronné, chef Kaua‘i ; 1789, Joseph Barrell, voyage du Columbia Rediviva ; capitaine Joy ; Mme. Benjamin Joy ; John Benjamin Joy ; Charles Henry Joy ; 1912, Mme Charles Henry Joy ; 1913, acquis par le Bernice Pauahi Bishop Museum. Bernice Pauahi Bishop Museum, Collection d'ethnologie, 11094/1913.001. sente un chef, Tianna. Celui-ci porte un large manteau muni d’un col rond et dont le bord est orné de triangles disposés en alternance, formés vraisemblablement par des plumes rouges et jaunes (fi g. 15). En termes de conception et de style, ce manteau se démarque des capes trapézoïdales plus anciennes. Il témoigne d’un changement de style qui se refl ète dans la majorité des manteaux en circulation au début du XIXe siècle, époque à laquelle on utilisait presque exclusivement des plumes rouges et jaunes. Des centaines d’ali‘i (chefs) sont cités dans l’histoire d’Hawaï et les ‘ahu ‘ula étaient « fi èrement portés sur le champ de bataille »25. Dans son ouvrage intitulé Hawaiian Antiquities, David Malo, un historien majeur du XIXe siècle né à Hawaï dans les années 1790 et élevé à la cour de Kamehameha Ier26, écrivit : « Le ‘ahu’ula était un bien extrêmement coûteux et précieux, inaccessible pour le commun des mortels. Seuls les ali’i pouvaient l’obtenir. Ceux-ci le portaient principalement en guise d’emblème en temps de guerre et lorsqu’ils partaient au combat. Le ‘ahu’ula ... constituait un butin de guerre »27. Un ‘ahu ‘ula à paliers avec trois immenses croissants rouges et une encolure rouge était porté par le chef Kekuaokalani, un neveu de Kamehameha Ier qui avait été nommé par ce dernier gardien du dieu Kuka’ilimoku (fi g. 7). En 1819, Kekuaokalani fut tué lors de la bataille de Kuamo‘o sur l’île d’Hawaï. Sa femme, la chef Manono, combattit à ses côtés contre les forces de Kamehameha II, qui avait Les matières utilisées et les méthodes de fabrication étaient également très variées. Certains étaient de forme trapézoïdale, pourvus d’encolures droites et confectionnés avec des plumes de grimpereau et de poule domestique (fi g. 9 et 10). Trois d’entre eux font partie de l’exposition et témoignent d’une technique bien particulière : les plumes encore attachées à la peau de l’oiseau étaient collées sur des bandes de tissu d’écorce ou de fi bres végétales tressées qui étaient disposées sur le fi let au sommet des capes. Cette technique permettait de créer des cols rigides assurant une protection contre les pierres lancées par les frondes ennemies lors de combats24. À notre connaissance, moins d’une quinzaine de capes trapézoïdales subsistent. Environ la moitié d’entre elles ont été collectées par James Cook au cours de sa troisième expédition et de son séjour à Hawaï en 1778-1779. Bien que John Webber, l’artiste de l’expédition, ait illustré une cape de ce type dans un dessin à l’encre et à l’aquarelle intitulé A Chief of Atooi (1778) et visible dans l’exposition, il semble toutefois que ce style de cape n’ait pas subsisté dans les années 1780. D’autres pièces uniques datant de la fi n du XVIIIe siècle sont exposées, notamment des capes aux dimensions extrêmement variées, aux bords inférieurs arrondis et ornées de motifs géométriques complexes faits de plumes jaunes et rouges associées à des plumes de moa (poule domestique) (fi g. 8). Dix ans après la visite de Cook, en 1788-1789, John Meares quitte la Chine pour tenter de rallier la côte nord-ouest de l’Amérique du Nord. Dans son récit de voyage fi gure une gravure qui repré- FIG. 14 : Manteau ‘ahu ‘ula. Archipel d'Hawaï. Avant 1825. Plumes rouges d'‘i‘iwi (Vestiaria coccinea), Plumes jaunes et noires d'‘o‘o (Moho sp.) et fi bres d'olona (Touchardia latifolia). 144,3 x 226 cm. Provenance : 1825, Honorable William Keith, troisième fi ls du septième Earl of Kintore of Aberdeenshire, Écoce (pendant le voyage de HMS Blonde) ; 1969, Bernice Pauahi Bishop Museum, don d'Helena Keith, Comtesse de Kintore, veuve du onzième Earl of Kintore. Bernice Pauahi Bishop Museum, Collection d'ethnologie, 1969.181. FIG. 15 (CI-DESSOUS) : Artiste inconnu, Tianna, a Prince of Atooi (Kaua‘i ), One of the Sandwich Islands, 1790. Gravure. 30 x 25 cm. Bernice Pauahi Bishop Museum Library, Collection A.W. F. Fuller, 1964.0280. MUSÉE à la Une


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