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75 FIG. 6a-b : Cape ‘ahu ‘ula. Archipel d'Hawaï. Avant 1861. Plumes jaunes et noires d'‘o‘o (Moho nobilis), plumes rouges d'‘i‘iwi (Vestiaria coccinea), fi bres d'olona (Touchardia latifolia). 42,5 x 91,4 cm. Provenance : Kamehameha IV ; 1861, Lady Franklin, don de Kamehameha IV ; 1875, G. B. Austin Leroy par héritage ; 1909, acquis par Bernice Pauahi Bishop Museum. Bernice Pauahi Bishop Museum, Collection d'ethnologie, 09670/1909.007. Ces vêtements ont survécu jusqu’à aujourd’hui en raison de leur remarquable structure maillée et de leur base en cordage d’olonã – l’une des fi bres naturelles les plus résistantes et durables au monde7. Selon Adrienne Kaeppler, des prêtres fabriquaient probablement le fi let, tout en psalmodiant des prières d’« enchevêtrement », produisant ainsi un objet qui, outre le prestige conféré par ses matériaux précieux et de qualité, assurait aussi une protection spirituelle à son porteur8. Une fois portée, une oeuvre en plumes acquérait également le mana (un pouvoir surnaturel ou divin) de son porteur9. La taille, la forme et le maillage de la structure étaient conçus pour accentuer le jeu de la lumière sur les capes et les manteaux portés, soulignant la beauté des plumes et celle du porteur10. Dans son analyse du symbolisme et de l’esthétique de l’art de la plume hawaïen, John Charlot avance que la littérature hawaïenne insiste davantage sur la beauté des manteaux que sur leur rôle de protection. D’après lui, « un manteau est considéré comme une keia mea ulaula maikai – une belle chose d’un rouge éclatant »11 et il fait référence à un célèbre chant « dans lequel le chef est perçu comme une vision iridescente. »12 L’ethnographe, linguiste et spécialiste hawaïenne Mary Kawena Pukui a observé que « les chefs guerriers portant des capes et des casques en plumes … ressemblent à de petits arcs-enciel – la pluie « chauffée » par le soleil – Ka wela o ka ua. »13 Pour les casques, le fi let était fait de racines aériennes ‘ie‘ie tressées, auxquelles on donnait la forme d’un croissant afi n que les plumes qui allaient y être insérées puissent avoir une forme, une orientation et un agencement déterminés. Par ailleurs, des cordons recouverts de plumes étaient disposés en lignes parallèles sur la surface de la racine ‘ie‘ie14. Des plumes à dominante jaune apparaissent au sommet des crêtes sur les cinq casques présentés dans l’exposition et au sein du plus vaste corpus existant comprenant plus de trente-cinq casques dotés de plumes jaunes, noires et rouges. La signifi cation de cet important principe de conception n’a pas été déterminée, mais nous savons que le sommet de la tête constituait l’une des parties du corps les plus sacrées chez un chef. Le casque mettait cette zone en évidence et assurait une protection physique et spirituelle lors des combats15. Les motifs et les dessins fi gurant sur les manteaux et les capes comprennent des triangles, des croissants, des cercles et des quadrilatères. Ils étaient obtenus en accolant des zones de plumes de couleurs différentes. Bien que deux ‘ahu ‘ula puissent présenter des motifs identiques, la composition de chaque vêtement est unique. Roger Rose, auteur de Hawai’i: The Royal Isles, a observé que la plupart d’entre eux étaient fabriqués pour des personnes précises L’art de la plume au royaume d’Hawaï


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