Page 67

•TribalPaginaIntera.indd

Esthétiques de l’Amour Paul Labbé dans les années 1897-1899 pour ne donner que deux exemples. La quasi-totalité des fonds de Sibérie extrême-orientale sont présentés dans l’exposition. Certains prêts réalisés dans des musées en région et à l’étranger, notamment dans des musées d’ethnographie de Leipzig et de Dresde, complétent la sélection. Le caractère historique de ces corpus m’a incité à ne prendre en compte, dans le cadre de cette exposition, que des objets du passé, et à écarter la création contemporaine qui, depuis quelques années déjà, connaît un renouveau très intéressant au sein de ces minorités ethniques. Mais cela est un tout autre sujet, une exploration en soi… T. A. M. : Esthétiques de l’Amour s’intéresse à des cultures et des traditions artistiques méconnues en Occident et souvent abordées sous un angle ethnographique. Le parti pris de l’exposition aurait pu être très narratif, très légendé. Pourtant, vous avez privilégié une approche plus globale et résolument esthétique des objets. Pourquoi cette démarche ? D. C. : En effet, j’ai volontairement fui un discours « classique 65 » qui présenterait les oeuvres suivant un découpage FIG. 2a (vue complète) et b (détail) : Manteau féminin de fête. Nivkh, Fédération de Russie, Sibérie extrêmeorientale, bassin de l’Amour. Seconde moitié du XIXe siècle. Peau de saumon du Pacifi que, peau de carpe de l’Amour et cuivre. Musée du quai Branly, Paris. © mqB, photo : Claude Germain. Manteau féminin de fête et vêtement funéraire, ce chef d’oeuvre en fi ne peau de carpe présente dans le dos un décor en volutes de protection et de bon augure. Motifs « museau » stylisés représentant la gueule terrifi ante du seigneur des eaux, dragon-serpent, oiseaux aquatiques, poissons, chauvessouris et arbres de vie forment un rempart bleu censé éloigner du porteur les esprits néfastes. Sur la surface de la peau, une délicate ‘résille’ de courbes et spirales en fi nes bandes de peau de Saumon du Pacifi que teinte en bleu cousue avec des points microscopiques par des mains expertes trace des chemins tortueux dans lesquels, comme par magie, le malheur s’égare. FIG. 3 : Petite pochette. Aïnou, Fédération de Russie, îles de la mer d’Okhotsk : Sakhaline ou Kouriles. Fin du XIXe siècle. Plumes de plongeon arctique. Musée du quai Branly. © mqB, photo : Claude Germain. Chez les peuples de l’Amour, des rives de la mer d’Okhotsk, du Tchoukotka, jusqu’en Alaska et dans les Aléoutiennes, le plongeon arctique n’était pas seulement chassé pour l’alimentation, mais également utilisé pour confectionner des vêtements et accessoires aux harmonies chromatiques toujours uniques. Dans ce petit sac aux refl ets d’hiver, les Aïnous conservaient le nécessaire à couture, des bijoux, ainsi que divers menus objets personnels.


•TribalPaginaIntera.indd
To see the actual publication please follow the link above