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123 PAGE PRÉCÉDENTE FIG. 1 : Michel Leveau devant un panneau de signalisation indiquant la direction vers le Musée Dapper. © Archives du musée Dapper. FIG. 2 : Statue représentant le roi Glèlè. Royaume de Danhomè, République du Bénin. Laiton. H. : 105 cm. Pièce réalisée avant 1889 et ayant appartenu au « trésor du roi Béhanzin ». Artiste présumé : Huntondji Ganhu. Ex-coll. Achille Lemoine et, à partir de 1926, Charles Ratton. Musée Dapper, Paris, nº2541. FIG. 3 (CI-CONTRE) : Figure de reliquaire eyema byeri, connue comme la « la Vénus pahouine ». Fang, Gabon – Guinée Équatoriale. Bois et pigments. H. : 56 cm. Ex-coll. Georges de Miré, Louis Carré (1931), Jacob Epstein et Carlo Monzino. Musée Dapper, Paris, nº2891. Tribal Art Magazine : Michel Leveau a consacré une grande partie de sa vie à la valorisation des arts d’Afrique. À quoi répondait cet engagement ? Christiane Falgayrettes-Leveau : Michel Leveau a découvert l’Afrique assez tôt dans sa vie professionnelle. Polytechnicien et membre des corps des Mines, il a travaillé dans divers pays – au Mali, au Sénégal ou encore au Gabon – où il a pris conscience de l’importance du patrimoine artistique des cultures locales et de la nécessité d’en affi rmer les qualités esthétiques. C’est ainsi que l’idée de constituer une collection d’art traditionnel lui est venue. Michel Leveau a commencé alors à acquérir des pièces importantes, et ce de façon soutenue, sans pour autant se concevoir comme un collectionneur. En effet, ses motivations étaient totalement différentes : ses achats ne répondaient pas à un désir de satisfaction personnelle, mais à une volonté de montrer et de partager un patrimoine avec un large public. Cela, il l’a d’abord fait en soutenant des chercheurs et des études monographiques. Le projet d’ouvrir un espace où la collection pourrait être présentée au grand public est venu des années plus tard. T. A. M. : Justement, comment l’idée d’un musée a-t-elle pris forme ? C. F.-L. : Comme je l’évoquais il y a un instant, Michel Leveau avait à coeur d’encourager un nouveau regard sur des arts trop souvent perçus, aussi bien en Occident qu’en Afrique d’ailleurs, comme relevant uniquement du domaine de la vie quotidienne et donc de l’ethnographie. Il s’agissait pour lui, en stimulant la recherche – il était, ne l’oublions pas, un scientifi que en plus d’un mécène – de contribuer à inscrire ces pièces traditionnelles dans le panthéon universel des arts. Cela va sans dire que cette démarche était très novatrice à cette époque, voici plus de trente ans… Il y avait eu quelques expositions qui avaient adopté une perspective esthétique, notamment Chefsd’oeuvre du musée de l’Homme, organisée par la Société des amis du musée de l’Homme en 1965. Mais c’était tout de même l’approche ethnographique qui prévalait encore. Dans ce contexte, Michel Leveau a commencé à imaginer un musée qu’il souhaitait au départ installer en Afrique. Mais la question du lieu s’est rapidement posée : au Sénégal ou au Gabon (pour ne citer que des pays qu’il connaissait bien) ? Il a ensuite pris rapidement conscience d’autres diffi cultés, comme l’absence de structures muséales sur le continent africain (exception faite du Nigeria et de l’Afrique du Sud) ou leur fragilité, les diffi cultés rencontrées par Samuel Sidibé, directeur du Musée national de Bamako, suite aux événements


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