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121 PAGE PRÉCÉDENTE FIG. 5 (EN HAUT) : « Idoles des Mers du Sud. » Extrait de Juvenile Missionary Magazine, 1860. SOAS CWML G455. La plupart des idoles y sont représentées avec une telle précision qu’elles sont tout à fait reconnaissables. Bon nombre d’entre elles ont traversé le temps et sont conservées dans la collection de la LSM au British Museum. Temeharo pourrait être le long objet avec des plumes que l’on aperçoit à droite, dans l’angle gauche du bord supérieur. FIG. 6 (EN BAS) : « Destruction des idoles à Otaheite ; fi n d’un autel païen et fondation d’une église chrétienne. » Extrait de Missionary Sketches nº6, juillet 1819. Les missionnaires commencèrent par brûler les temples religieux (marae) ainsi que les idoles pour signifi er l’abolition de l’idolâtrie. Ce drame est représenté sans concession dans cette gravure. Ce n’est que des années plus tard, à la demande de Pomare II, que les missionnaires changèrent leur stratégie. Ils épargnèrent les idoles des fl ammes et les envoyèrent plutôt en Angleterre. FIG. 7 (À GAUCHE) : Gros plan de Temeharo d’après la couverture de Missionary Sketches nº3 (voir fi g. 4). FIG. 8 (À DROITE) : Temeharo (le dieu particulier de Pomare Ier). Tahiti. Avant 1800. Structure en bois, enveloppe en cordage tissé, restes de grandes plumes. British Museum LMS Oc1981,Q.1552. Photo : Brian Carlson. Cheapside. Elles y côtoyèrent d’autres artefacts et spécimens d’histoire naturelle collectés par les missionnaires à Tahiti, en Inde, en Chine et en Afrique du Sud. Elles constituaient les premiers « trophées du christianisme » – la preuve tangible, la « démonstration oculaire » du triomphe de la mission des mers du Sud sur la décadence païenne. Le musée fut décrit par John Campbell, le premier historien de la LMS, comme « un lieu à la fois affreux et glorieux. »6 Les expositions d’idoles organisées au Missionary Museum devinrent très populaires. Les directeurs de la LMS reconnaissaient que le musée « avait tendance à promouvoir auprès des nombreuses personnes qui le visitaient … un certain zèle pour la cause missionnaire », et accueillaient volontiers des idoles supplémentaires, « plus prisées que les vestiges de l’Acropole. » Grâce à l’engouement suscité par le don de Pomare II de Temeharo et de ses autres idoles au « peuple d’Europe », le point de vue des missionnaires changea rapidement et l’immolation fi t place à la préservation. Dès 1820, leurs instructions aux « professeurs » polynésiens indiquent ceci : « Si vous récupérez des idoles, brûlez-en quelques-unes (mais pas les meilleures) ». Temeharo et ses compagnons demeurèrent exposés au Missionary Museum, qui déménagera trois fois jusqu’en 1875 au moins. En 1890, la collection du musée fut prêtée au British Museum, qui l’achètera en 1910 pour mille livres, principalement grâce au conservateur Augustus Frank et à son successeur Charles Hercules Read. Préservés par des générations de conservateurs du British Museum, Temeharo et la majorité des idoles tahitiennes ont vécu à l’abri des regards, sans doute parce que ces idoles sont toujours aussi déroutantes sur le plan esthétique qu’à l’époque où les premiers Européens les découvrirent. Cette étrangeté se ressentait récemment encore dans l’exposition Missionaries and Idols in Polynesia à la Brunei Gallery de la SOAS, à l’université de Londres7, où Temeharo était l’objet le moins voyant mais certainement le plus signifi catif de l’exposition. NOTES 1. William Ellis. 1829. Polynesian Researches during a Residence of Nearly Six Years in the South Sea Islands, Londres : Fisher, Son & Jackson, vol. 2, p. 203. 2. John Cawte Beaglehole. 1963 (2e édition). The Endeavour Journal of Joseph Banks, Sydney : Trustees of the Public Library of New South Wales en partenariat avec Angus and Robertson, vol. 1, p. 318. 3. John Cawte Beaglehole. 1967–1968. The Journals of Captain James Cook on his Voyages of Discovery, Cambridge : Publié pour la Hakluyt Society chez University Press, vol. 3(1), p. 203. Un épissoir est une pointe effi lée en bois utilisée pour travailler sur les cordages et les toiles des bateaux. 4. Anon, Missionary Sketches. Octobre 1818. 5. Ibid. 6. John Campbell (éd.). 1843. The Farewell Services of Robert Moffat, in Edinburgh, Manchester and London. Londres : John Snow, p. 133. 7. David Shaw King. 2015. Missionaries and Idols in Polynesia (catalogue d’exposition), San Francisco : Beak Press, p. 74. FIG. 9 : Détail d’une page d’une édition non datée du catalogue pour le LMS Missionary Museum siégeant à Blomfi eld Street, Finsbury, Londres. Catalog of the Missionary Museum, Londres : London Missionary Society, après 1841. Dans cette évocation de Temeharo, ce dernier est décrit aussi comme « le protecteur de Matthieu ». Il convient de noter que Temeharo apparaît en premier lieu dans le catalogue du musée en question.


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