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HOMMAGE Daniel Malcolm 1929 – 2015 172 ment épaulé par Marian. Curieux et passionnés, vous avez, en l’espace de cinquante ans ou presque, formé l’une des plus belles collections d’art traditionnel d’Afrique subsaharienne au monde. Désireux de partager votre enthousiasme, vous avez accueilli chez vous toutes les personnes chez qui vous perceviez un lien fort avec l’art africain. C’est comme cela que nous nous sommes rencontrés. Chinnie et moi sommes arrivés chez vous un samedi matin et aucun de nous n’a vu le temps passer. Quand nous avons repris nos esprits peu avant minuit, une amitié était née. Ce jour-là, c’est moi qui ai eu la chance d’être frappé par la foudre. Depuis cet instant, près de dix années se sont écoulées, emplies de merveilleux moments passés ensemble. Mon livre Visions of Grace rend hommage à votre passion à Marian et toi ainsi qu’à notre amitié. Il a été publié juste à temps pour que tu puisses encore l’apprécier et savourer chaque page, chaque image, chaque mot. Te le remettre a constitué l’une de mes plus grandes fi ertés. Dan, je sais que je te reverrai un jour. Je te reverrai avec un large sourire sur ton visage, le regard pétillant de jeunesse, les sourcils levés en signe de délectation, les épaules tendues et les doigts écartés, et je t’entendrai même t’écrier « Oh oui ! » – chaque fois que je me trouverai devant la splendeur de l’art africain. Je ne suis pas en train de parler du souvenir que je conserverai de toi. Pour moi, tu seras réellement présent, car ton amour pour l’art africain était aussi pur que celui d’un enfant et l’amour d’un enfant est éternel. Tu seras à mes côtés pour le restant de mes jours, à chaque fois que je rencontrerai la beauté de l’art africain, celui qui te faisait sourire et rire. Tu m’as donné exactement ce que le Petit Prince a donné à ses amis lorsqu’il leur a dit « Quand tu regarderas le ciel, la nuit, puisque j’habiterai dans l’une d’elles, puisque je rirai dans l’une d’elles, alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles. » Dan, merci d’avoir partagé ton rire avec le monde. Merci, de notre part à tous. Heinrich Schweizer Cher Dan, Tu nous as quittés à la suite d’un grave accident vasculaire cérébral le 13 juin 2015 et je n’étais pas là pour te dire au revoir. C’est la raison pour laquelle j’ai ressenti le besoin de t’écrire cette lettre. Tu étais quelqu’un de profondément gentil. J’admirais ton intelligence, ta sagesse, ton intégrité. Tu étais aimant, bienveillant et fi dèle. Ta curiosité de la vie était enfantine : infi - nie et guidée par un optimisme sans cesse renouvelé, même durant ces dix-huit derniers mois où tu étais accablé par la maladie. Ta passion intrépide te permettait de tomber amoureux instantanément. Cette qualité a fait de toi l’homme le plus heureux du monde lorsque par deux fois, tu as transformé une rencontre inopinée en un moment qui change une vie. Tu es né à New York le 17 avril 1929 et la première des deux rencontres fortuites en question a eu lieu en 1948, alors que tu étais étudiant en deuxième année à la Columbia University et membre de la Pre-Med Society. Cette année-là, tu as fait la connaissance d’une jeune femme brillante et merveilleuse, elle aussi membre de la Pre-Med Society, mais au Barnard College. Tu es tombé amoureux pour la première fois : comme tu le disais toi-même, c’était comme si tu avais été « frappé par la foudre ». Quatre ans plus tard, en 1952, Marian est devenue ta femme, alors que vous étiez encore tous deux en deuxième année à la faculté de médecine. On avait rarement vu deux personnes si profondément amoureuses l’une de l’autre et qui se témoignaient un tel soutien indéfectible. Ton intérêt profond pour l’humanité ne s’est jamais démenti et tu es devenu médecin, l’un de ceux qui se soucient réellement des patients. Tu t’es établi à Tenafl y dans le New Jersey, de l’autre côté du George Washington Bridge de Manhattan, et toi et Marian y avez fondé un magnifi que foyer et élevé vos trois enfants, Betsy, John et Jim. La seconde rencontre fortuite aura lieu quelques années plus tard. Lors d’une très chaude journée d’été à Paris en 1966, toi et Marian avez pénétré dans le Grand Palais pour profi ter de quelques instants de fraîcheur. Tu ignorais ce qui s’y trouvait et tu t’es retrouvé au beau milieu de l’exposition L’art nègre : sources, évolution, expansion, arrivée à Paris en provenance de Dakar et qui contenait quelques chefs-d’oeuvre de la collection privée de Nelson Rockefeller. C’est là que tu es tombé immédiatement amoureux pour la seconde fois, non plus d’une personne, mais d’un continent entier. Tu as découvert que l’art suscitait en toi une émotion viscérale et tu es devenu collectionneur, une fois de plus remarquable-


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