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L’Australie indigène à l’Australie aborigène – du moins au cours du XXe siècle – est celle de régions arides et de peintures sur toile du désert, les collections du British Museum, issues en grande partie des régions côtières où elles furent collectées par des marins, des missionnaires et les premiers colons, contribuent à enrichir cette approche. Les masques en carapace de tortue du détroit de Torrès sont rares et l’exposition présente quelques-uns des plus anciens exemplaires collectés. L’un d’entre eux (fi g. 1) fut ramené avant 1855 par l’entremise des Lords de l’Amirauté. D’autres furent réunis par le révérend Samuel McFarlane de la Société missionnaire de Londres ainsi que par A. C. Haddon, dont le premier voyage vers le détroit de Torrès en 1888-89 est bien moins connu que l’expédition de recherche qu’il mènera en 1898 (fi g. 2). Lors de cette première mission, Haddon collecta sur l’île de Mer une statuette de protection des jardins particulièrement révélatrice de l’importance accordée à la possession et au travail des terres dans la loi australienne (fi g. 3). Cet attachement au sol est à l’origine, en 1992, de la reconnaissance par la Haute Cour d’Australie d’une sorte de titre de propriété indigène sur les terres de l’île de Mer, refusé jusque là par la Couronne britannique. Cette décision, survenue au terme d’un combat de dix ans mené par Eddie Mabo et d’autres habitants de l’île, entraîna l’introduction du Native Title Act de 1993 et permit à d’autres insulaires du détroit de Torrès ainsi qu’aux différents groupes aborigènes de se voir reconnaître des droits fonciers. Les populations des forêts tropicales du nord du Queensland possèdent une culture matérielle particulière, adaptée à la vie dans l’une des régions les plus humides d’Australie. Des paniers bicornes réalisés avec des plantes trouvées dans la forêt étaient utilisés à des fi ns de transport après avoir été placés dans les ruisseaux pour éliminer les toxines de certaines graines. Abe Muriata, né en 1952, est l’un des rares artisans à poursuivre cette tradition. L’exposition présente l’une de ses créations comme contrepoint à des paniers plus anciens datant de 1900 environ (fi g. 4 et 5). Les objets originaires de Tasmanie ont rarement été exposés en dehors de l’Australie. L’exposition en présente plusieurs, dont quelques colliers en coquillage fi gurant parmi les plus anciens et datant environ de 1845 – 1851 (fi g. 6). Ils ont été créés à l’aide de petits coquillages qui ne peuvent être récoltés que lors de marées bien précises. Cette forme d’art est encore bien vivante parmi les femmes aborigènes de Tasmanie, dont provient également – dans un tout autre registre – l’un des objets les plus anciens de Indigenous Australia : une massue collectée sur l’île Flinders en 1832. 85


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