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MUSÉE à la Une exemple le caractère sacré du calumet, un membre du public 90 prit la parole pour inviter les populations indigènes du monde entier à s’unir, afin de préserver les traditions. L’inauguration fut également marquée par la présence de l’ambassadeur des États-Unis en Colombie, qui déclara publiquement qu’un échange culturel comme celui unissant le Bowers Museum et le Museo del Oro avait le pouvoir de rapprocher des nations, chose qu’aucune rencontre entre des gouvernements n’était capable de réaliser. Un an après le retour de Traditions and Transitions au Bowers Museum, le Guangdong Museum accepta de présenter l’exposition. Deux autres musées, le Shanxi History Museum et le Hunan Provincial Museum, donnèrent également leur accord. L’expérience vécue en Colombie avait fait naître de nobles idéaux et démontré le pouvoir qu’a l’art de rapprocher les gens. Obtiendrait-on pareils résultats en Chine ? Les oeuvres et leurs auteurs seraient-ils appréciés ? Si le contenu de l’exposition est resté le même, quelques changements y ont été apportés afin de l’adapter au public chinois. Par exemple, le titre est devenu First Americans afin d’identifier directement l’objet de l’exposition. En outre, à la demande du Guangdong Museum, quelques textes didactiques ont été supprimés, notamment ceux concernant les techniques de création artistique et les légendes des Amérindiens. Certaines questions sensibles ont été traitées avec un respect remarquable. Le mot « Inuit » (préféré au terme « Eskimo » souvent perçu comme péjoratif) est demeuré dans tous les textes bien que ce terme, une fois converti en caractères chinois, s’avère difficile à lire ou à prononcer, tandis que le mot « Eskimo », au contraire, présente une suite de caractères et une prononciation plus harmonieuses. Le personnel éducatif du Guangdong Museum s’est montré davantage intrigué par l’histoire et les questions relatives aux populations indigènes des Amériques que par les oeuvres d’art elles-mêmes. Un grand travail de sensibilisation comme celui qui est mené depuis des décennies aux États- Unis et au Canada a dû être abordé afin de briser certains clichés. Il a fallu combattre la fausse idée d’une homogénéité culturelle et d’une passivité propre aux Amérindiens qui serait à l’origine de leur soi-disant manque de réussite. Les Chinois savaient que les Amériques avaient été colonisées, mais ignoraient tout des conséquences de la colonisation sur les Amérindiens. L’idée selon laquelle tout ce qui est jugé précieux devrait avoir sa place dans un musée et être admiré de tous déclencha une discussion relative au droit des Amérindiens des États-Unis à déposer des requêtes en vue de reprendre possession d’objets sacrés et cérémoniels. En Chine, la collection a souvent été qualifiée d’art nouveau issu d’une jeune nation. Ce point de vue est somme toute logique venant d’un pays aux racines extrêmement


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