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MUSÉE à la Une 80 Les rois MOCHICA Divinité et pouvoir dans le Pérou ancien Par Steve Bourget et Leonid Velarde Pour sa réouverture, le Musée d’Ethnographie de Genève (MEG) présente en première mondiale le trésor d’une tombe royale de culture mochica, mise au jour au cours de l’été 2008 par Steve Bourget et son équipe. Ces pièces inédites, issues du site archéologique de Huaca El Pueblo (dans le village d’Ucupe), sur la côte nord du Pérou, forment le noyau d’une exposition temporaire qui s’offrira à l’appréciation des visiteurs jusqu’au 3 mai 2015 et qui présentera, également, des oeuvres exceptionnelles appartenant à d’autres tombes royales, dont celles de Sipán et de Dos Cabezas. Comptant plus de trois cents pièces, dont cent soixante-cinq prêtées par le Ministère de la Culture du Pérou et environ cent quatre-vingts objets de musées européens tels ceux de Berlin, Stuttgart et de Schaffhausen, Les rois mochica. Divinité et pouvoir dans le Pérou ancien rend hommage à l’une des plus importantes civilisations précolombiennes, dont l’essor s’est déployé du Ier au VIIIe siècle. Cet événement s’accompagne d’un ambitieux programme d’activités complémentaires, conçues expressément pour cette occasion. L’ART AU SERVICE DES ÉLITES Les Mochica – ou Moché, appellation donnée par les archéologues d’après le fleuve éponyme situé près de la ville actuelle de Trujillo – ont précédé de plus de huit siècles le célèbre empire inca. D’une complexité étonnante, cette culture s’est constituée en État, développant une organisation sociale, politique et économique, centralisée et hiérarchisée. Cette civilisation ancienne a exploité les ressources abondantes de l’océan Pacifique et conçu un système d’irrigation sophistiqué, moteur d’une économie agricole prospère, basée sur les cultures du maïs, de la courge, du haricot, etc. Sa puissance et son opulence, cette société du Pérou ancien les a manifestées par la démesure de ses temples, la luxuriance de ses palais d’adobes ornés de fresques murales polychromes, et l’ampleur des villes les ceignant, peuplées de tisserands, de céramistes, de métallurgistes et d’autres artisans encore, passés maîtres dans le traitement de la plume, du bois, du coquillage, de l’argile et de la pierre. Ces métiers d’art étaient majoritairement consacrés aux élites, pour lesquelles on confectionnait aussi des objets somptuaires en métaux précieux, comme des diadèmes, des couronnes et des bijoux d’or, d’argent et de cuivre. Ces pièces d’orfèvrerie, véritables oeuvres d’art, étaient souvent ornées de plumes d’oiseaux multicolores et rehaussées d’incrustations de turquoises, de lapis-lazuli et de coquillages marins obtenus par des échanges à longue distance. FIG. 1 : Masque funéraire. Mochica. Pérou, côte nord, site de Dos Cabezas, tombe 2. Moché Moyen, VIe - VIIe siècles. Cuivre, cuivre doré, coquillage, résine et pierre. H. : 20 cm. Museo de Sitio de Chan Chan, Trujillo. Inv. n° reg. nac. 0000178734. © MEG, J. Watts / Ministerio de Cultura del Perú, Lima. FIG. 2 : Perle de collier, tête humaine. Mochica. Pérou, côte nord, site de Sipán. Moché Moyen, VIe - VIIe siècles. Or, argent, résine et pierre. H. : 16 cm. Museo Tumbas Reales de Sipán, Chiclayo. Inv. n° MTRS-37-INC-02. © MEG, J. Watts / Ministerio de Cultura del Perú, Lima. FIG. 3 : Masque funéraire. Mochica. Pérou, côte nord, site de Huaca de la Luna. Phase IV, VIe - VIIe siècles. Cuivre doré. H. : 22 cm. Linden-Museum, Stuttgart Inv. n° 119.155. © Anatol Dreyer, Linden-Museum, Stuttgart.


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