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DOSSIER VIOLENCE À L’ENCONTRE DES PERSONNES Les représentations sculptées sur les ivoires du Loango ne sont pas, comme nous l’avons déjà remarqué, un reflet neutre de la réalité quotidienne. Si nous analysons en détail les scènes, nous y décelons souvent un commentaire apparaît assez clairement lorsqu’il s’agit de mettre en images les abus issus de l’esclavage. Nombreuses sont les scènes d’Africains faits prisonniers, d’esclaves reliés entre eux par des chaînes ou des cordes ou ceints de colliers avec des Européens ou d’autres Africains à leur tête comme surveillants. Les scènes peuvent représenter des personnages en situation d’esclavage, de violence physique (fig. 4) de la part de commerçants, de marins ou de chasseurs d’esclaves. Le Rijksmuseum Volkenkunde de Leiden possède par exemple une défense sur laquelle les diverses atrocités infligées aux esclaves sont illustrées, avec comme fin choquante la pendaison de l’un d’entre eux (RMV 5745-1). Les artistes qui ont sculpté ces scènes voulaient très probablement mettre au pilori l’esclavage et ses conséquences désastreuses. Reste à savoir si les acheteurs de ces défenses ont compris ces accusations en ce sens. Les défenses ont tout d’abord été appréciées en Europe pour leur aspect luxueux, leur travail d’orfèvre et leur matériau précieux. Elles étaient le joyau des intérieurs européens. Certains chercheurs affirment que les scènes de violence et de trouble satisfaisaient le besoin des acheteurs qu’ils exerçaient sur la région et sa population. Ce raisonnement pourrait expliquer comment l’illustration de l’esclavage se serait imposé comme l’un des principaux thèmes iconographiques sur les ivoires du Loango, et ce à la demande des acheteurs. Cela n’aurait toutefois rien à voir avec le fait qu’un groupe opprimé saisit le plus souvent, dans les limites des possibilités dominant et de s’exprimer par le biais d’humour caché et de satire (voir aussi Lips, 1983). Comme nous avons déjà pu le voir précédemment, il est peu probable que la signification des scènes sur le plan du contenu ait été la même pour l’artisan et pour l’acheteur, ce dernier ne disposant bien souvent pas des connaissances pour comprendre comme il se doit l’humour et la critique à la première lecture et de manière correcte. Il semblerait que dans le cas des ivoires du Loango, les sculpteurs soient parvenus à satisfaire aussi bien la demande de l’acheteur que la protestation silencieuse, où l’artiste traduisait 126 de l’artiste sur le monde qui l’entoure, parfois sur un ton humoristique, parfois sous une forme beaucoup plus revendicative. La plainte d’acier (fig. 16 et 17). Ils font souvent partie des caravanes commerciales dans lesquelles les marchandises sont transportées par des porteurs mais aussi souvent des esclaves (un ou plusieurs) subissant des actes de témoigner de leur présence, du contrôle et de l’influence continus créatives qui lui sont octroyées, l’opportunité d’échapper au parti les conséquences de la présence de ce même acheteur et de ses prédécesseurs sur la société et les relations locales. FIG.17 : Détail de la défense en fig. 2 montrant comment un esclave est emmené, fourche au cou, par un marchand. FIG.16 : Détail de la défense en fig. 1 figurant une caravane de commerce composée d’esclaves, enchaînés au cou.


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