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Knud Rasmussen 113 Le 1er août 1922, Mathiassen et son assistant groenlandais Jacob Olsen furent amenés sur l’île Southampton, située entre la baie d’Hudson et le bassin de Foxe, par Audlanaq, un Eskimo Aivilik, afin d’effectuer des fouilles sur un autre site d’habitation en ruine. La mère d’Audlanaq, Nivietsianaq, et son mari, le chaman Angutimarik, qui vivaient sur l’île, avaient promis d’aider les visiteurs en leur procurant de la nourriture et tout ce dont ils auraient besoin durant leur court séjour sur place. Une fois les fouilles terminées, Angutimarik devait ramener les archéologues jusqu’à leur camp sur l’île danoise en traversant le Frozen Strait en bateau à moteur. Sur l’île Southampton, Mathiassen découvrit les ruines de quatorze structures différentes bâties par une culture eskimo éteinte connue sous le nom de Sadlermiut, qui vivait jadis recluse sur l’île. Parmi les huit cent spécimens mis au jour sur le site se trouvaient une figure d’ours extrêmement bien proportionnée et un peigne remarquablement confectionné, tous deux sculptés dans de l’ivoire de morse (fig. 8 et 9). Ces découvertes livrèrent de précieuses informations sur les Sadlermiut, un peuple jusqu’alors totalement inconnu. Afin d’éviter de passer l’hiver sur l’île, Mathiassen demanda à Angutimarik, après deux semaines seulement, de retourner sur l’île danoise, mais la quantité de glace s’accumulant sur le Frozen Strait rendait le voyage impossible. Ils durent également renoncer à leur tentative de traverser la Repulse Bay en direction du poste de commerce de la Compagnie de la Baie d’Hudson, d’où ils auraient pu poursuivre leur chemin par la route, car de gros morceaux de banquise provenant du canal de Foxe s’étaient amassés dans la baie sous l’effet du vent d’est. Contraints de demeurer sur Southampton, Mathiassen et Olsen étaient devenus des hôtes indésirables pour Angutimarik et Nivietsianaq, et l’hiver qui s’ensuivit fut rude, marqué par de longues périodes de maladie et très peu de chasse sur l’île. Chaman local, Angutimarik était soucieux de rester dans les bonnes grâces des esprits contrôlant la nature, mais aussi des âmes qui donnent vie aux animaux et aux objets. Lors d’une cérémonie, il lui fut révélé que la cause principale des nombreux problèmes rencontrés sur l’île résidait dans la présence des deux étrangers, qui avaient transgressé d’importants tabous en fouillant d’anciens vestiges et en frappant la roche à coups de marteau de géologue. Ces actes avaient fortement offensé les esprits et, en guise de châtiment, ceuxci avaient envoyé la maladie et la famine sur l’île. Contre FIG. 9 : Peigne. Iglulik, Repulse bay, Nunavut. Collecté en 1922. Ivoire de morse. H. : 7,4 cm. Musée national du Danemark, collection ethnographique, inv. P27.536. © Musée national du Danemark. FIG. 8 : Figure d’ours Iglulik, Repulse bay, Nunavut. Collectée en 1922. Ivoire de morse. L. : 5,5 cm. Musée national du Danemark, collection ethnographique, inv. P27.679. © Musée national du Danemark. FIG. 10 : Figure d’oiseau avec un torse et une tête d’humain et les ailes brisées. Aivilingmiut, île Southampton, Nunavut. Collectée en 1922. Ivoire de morse. L. : 4,1 cm. Musée national du Danemark, collection ethnographique, inv. P27.684. © Musée national du Danemark. FIG. 11 : Figure d’oiseau. Aivilingmiut, île Southampton, Nunavut. Collectée en 1922. Ivoire de morse. L. : 3,7 cm. Musée national du Danemark, collection ethnographique, inv. P27.682. © Musée national du Danemark. FIG. 12 : Figure d’oiseau. Iglulik, Repulse Bay, Nunavut. Collectée en 1922. Ivoire de morse. L. : 4,3 cm. Musée national du Danemark, collection ethnographique, P27.681. © Musée national du Danemark. FIG. 13 : Figure d’oiseau. Amnocant, Territoires du Nord-Ouest. Collectée en 1922. Ivoire de morse. L. : 2 cm. Musée national du Danemark, collection ethnographique, P27.683. © Musée national du Danemark.


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