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107 FIG. 5 : l’art japonais, des antiquités gréco-romaines mais aussi – et surtout ! – des créations en ivoire parmi lesquelles plusieurs chefs-d’oeuvre d’Afrique sub-saharienne. PERSPECTIVES À l’aube du XXIe siècle, le plus vieux musée au Canada, le MBAM, a renoué avec brio avec l’art tribal grâce à l’exposition Afrique sacrée présentée en deux volets, en 2006 et en 2008 (fig. 13). Fusionnant des avoirs institutionnels historiques avec ceux du premier grand collectionneur francophone d’art africain au Canada, Guy Laliberté, président et directeur du Cirque du Soleil (fig. 12), l’exposition s’inscrivait dans une approche encyclopédique prônée par Nathalie Bondil, directrice du MBAM. Cette philosophie, si particulière au Canada et aux États-Unis, va dans le sens de ce que prônait James Cuno, ancien directeur de l’Art Institute of Chicago, lorsqu’il évoquait le besoin, dans l’ère de la mondialisation, de faire preuve d’ouverture d’esprit à travers des accrochages résolument inclusifs. Si le Canada semble s’être engagé de façon plus qu’honorable et sérieuse dans l’acquisition et dans la mise en valeur de la production artistique des peuples établis au sud du Sahara – le succès de la dernière exposition en date sur le sujet, en 2012, Art du Nigeria dans les collections françaises (Musée de la civilisation au Québec) en témoigne – plusieurs défis de taille doivent encore être surmontés pour que cette tendance se confirme et se maintienne sur le long terme. Nous devons tout d’abord composer avec une particularité de taille : l’immensité d’un territoire, qui plus est partagé avec, d’un côté, les villes de la zone Pacifique (dont Vancouver), d’un autre côté celles de la province de l'Ontario – dont le caractère multiculturel est particulièrement remarquable à Toronto – et, enfin le Québec, véritable trait d'union entre la francophonie et l'Amérique du Nord. À ces difficultés propres au pays, viennent s’en ajouter d'autres d'ordre plus général telles que les compressions budgétaires ressenties au niveau de la culture d’un océan à l’autre, les demandes de restitution de certaines nations africaines, les difficultés en matière d’importation de certains matériaux (notamment l’ivoire) ainsi que les nouvelles législations dans le domaine des transports. Loin de nous décourager, ces difficultés devraient nous stimuler encore plus à réaliser un beau projet : une grande exposition de chefs-d'oeuvre africains conservés au Canada destinée à parcourir le monde. Un événement qui offrirait une trame visuelle d'exception de notre sensibilité pour l'art des cultures autres et qui marquerait un jalon dans l'histoire de la muséologie canadienne en en élargissant l'horizon. L’avenir nous dira si nous aurons su relever le défi.


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