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Mbembe au MET 101 fure et les éléments décoratifs de la figure féminine sont particulièrement bien conservés. Le visage ovale témoigne d’un grand raffinement avec son nez étroit, ses minces lèvres pointues et sa scarification sous forme de lignes et de points en relief sur les joues, les tempes, le front et le menton. Des graines noires sont incrustées dans les cavités de ses yeux et la coiffure porte des traces de pigment rouge et foncé. Autre élément important : le collier de dents de léopard qu’elle porte autour du cou. Bien qu’il soit aujourd’hui impossible de distinguer les particularités de l’enfant, on décèle néanmoins les vestiges d’une coiffure peinte élaborée. Même si de tels détails spécifiques d’un point de vue culturel ont disparu sous l’action de la nature, le coeur sculptural sous-jacent des anciennes oeuvres mbembé qui ont traversé les siècles conserve des qualités fondamentales qui résonnent avec force sur le plan universel. Par ailleurs, il demeure suffisamment de caractéristiques intrinsèques pour établir des liens formels entre différentes figures, suggérant l’existence de plusieurs ateliers distincts. Il est assez frappant de constater à quel point la sensibilité des différents sculpteurs mbembé est profondément ancrée dans le bois de leurs créations, extrêmement abîmées par le temps et le climat. Bien que l’érosion ait provoqué la disparition des finitions appliquées au terme du processus de création, on peut l’envisager comme un élément ayant finalement révélé leur substance artistique, telle qu’elle fut imaginée par leurs auteurs plusieurs siècles auparavant. BIBLIOGRAPHIE Cole, Herbert M. and Chika, C. Aniakor. Igbo Arts: Community and Cosmos. Los Angeles : Museum of Cultural History, University of California, 1984. Eyo, Ekpo. Two Thousand Years Nigerian Art. Lagos : Federal Department of Antiquities Nigeria, 1977. Harris, Rosemary. The Political Organization of the Mbembe, Nigeria. Londres : H. M. Stationary Office, 1965. Harris, Rosemary. « Mbembé Men’s Associations », African Arts vol. 18, no.1 (1984):61-63, 96. Kamer, Hélène. Ancêtres M’bembé. Paris : 1974. Koloss, Hans-Joachim, éd. Africa Art and Culture: Masterpieces of African Art, Ethnological Museum, Berlin. Munich : Prestel, 1999. Krieger, Kurt. Westafrikanische Plastik. Herausgegeben vom Museum fur Volkerkunde Berlin, 1969. Partridge, Charles. Cross River Natives, being some notes on the primitive pagans of Obubura Hill District Southern Nigeria. Londres : Hutchinson and Co., 1905. NOTES 1. Je remercie Hélène Leloup de m’avoir raconté l’histoire de son travail novateur qui a mené à l’identification et la reconnaissance de ce corpus. Ses souvenirs et ses dossiers ont été une source d’inspiration et ont constitué le point de départ de l’analyse de ces sculptures, qui sont parmi les plus exceptionnelles de l’histoire de l’art. Je suis aussi très reconnaissante envers les nombreuses personnes qui m’ont permis de réunir ces oeuvres fascinantes à New York, en particulier Yves Le Fur et Stéphane Martin pour le prêt de l’oeuvre qui se trouve au Louvre, véritable pièce maîtresse du Pavillon des Sessions. Le contenu que j’ai préparé a pu compter sur la généreuse contribution d’Herbert Cole et sa présentation dans nos galeries a été supervisée par Yaëlle Biro. 2. D’après Harris, en 1965 les peuples parlant le mbembé pouvaient être scindés en quatre sous-groupes principaux : les Adun (12 100), les Osopong (10 700), les Okum (10 000) et les Ofunbonga (3 200). On trouve en outre un autre sous-groupe, les Okpodon, qui compte environ 2 000 personnes et est divisé en deux groupes de villages. Le plus petit groupe se trouve dans les régions appelées administrativement « Clan » Ofunbonga et « Clan » Atam, les Atam étant les voisins de l’est des mbembé qui parlent une langue différente. 3. Aucune de ces oeuvres ne sera exposée à New York étant donné que le Völkerkunde Museum de Berlin est actuellement sous le coup d’un moratoire sur les prêts. FIG. 20 : Figure féminine assise. Mbembé, Région du fleuve Ewayon, Province de la Cross River, Nigeria. XVIIe – XVIIIe siècles. Bois. H. : 71 cm. Collection privée, Paris.


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