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MUSÉE à la Une figures jouant sur des éléments verticaux et horizontaux, l’enfant est à peine soutenu, de sorte qu’il semble flotter au centre de la composition (fig. 12). Un agencement encore différent positionne l’enfant verticalement, de manière à l’intégrer 100 aux contours négatifs du corps de la mère, tout en rappelant la forme et la posture générales de celle-ci. (fig. 13). TÉMOIGNAGES D’ARTISTES Parmi la douzaine d’oeuvres originales présentées par Hélène Leloup en 1974, dix ont été créées par trois artistes distincts. Le premier de ces artistes (sculpteur A) semble être à l’origine des deux figures de mère et d’enfant les plus singulières, caractérisées toutes deux par la nette orientation verticale du grain du bois (fig. 12 et 13). On peut dès lors se demander si ces deux oeuvres n’ont pas été créées comme des figures autonomes plutôt que comme des éléments d’un tambour à fente. Toutefois, les deux figures sont surélevées de manière à prendre place sur les vestiges d’une autre structure plus grande. Il est donc possible qu’elles aient constitué au départ deux éléments figuratifs d’un seul tambour de moindre envergure. Malgré la forte érosion de la surface, l’expression des traits du visage demeure nette, ce qui permet de relever des similitudes formelles entre elles et de les attribuer à un seul sculpteur. Parmi les traits communs, citons la forme de la tête qui se rétrécit au niveau du menton, la forme surélevée des oreilles, le large cou cylindrique coupé net par la ligne horizontale des épaules et la fusion des mains avec les genoux, de sorte que les bras et les jambes forment des lignes ondoyantes continues. Le rendu compact de ces maternités apparaît également comme un trait disctintif apporté par l’artiste. L’approche plus expansive et hiératique d’un autre sculpteur (sculpteur B) s’écarte clairement du travail du sculpteur A. Ses oeuvres sont des représentations relativement naturalistes qui présentent des compositions de longs membres et de têtes compactes aux nez prononcés et aux oreilles circulaires proéminentes (fig. 4, 11, 14, 15 et 16). Enfin, le troisième artiste distinct est l’auteur des fascinantes représentations des chefs Appia et Mabana ainsi que d’une figure féminine assise (fig. 6, 7 et 17). À la lumière d’oeuvres mbembé plus récentes, il ne fait aucun doute que les exemplaires qui sont aujourd’hui si érodés et abstraits étaient à l’origine sculptés avec énormément de détails iconographiques et recouverts de pigments (fig. 18, 19 et 7). Une figuration de maternité abritée au National Museum of African Art, à Washington D.C., a conservé une quantité exceptionnelle de détails (fig. 18). Dans cette composition, la mère se penche en avant au-dessus de l’enfant qu’elle tient en équilibre sur ses genoux pliés. Elle berce la tête de l’enfant de la main gauche et, d’un geste protecteur, place sa main droite sur ses cuisses. Le visage, la coif- FIG. 18 : Groupe de maternité : mère et enfant. Mbembé, Région du fleuve Ewayon, Province de la Cross River, Nigeria. Fin du XIXe – début du XXe siècle. Bois, pigment, graines. H. : 68 cm. Achat du musée, National Museum for African Art, Smithsonian Institution, Washington D.C., inv. 85-1-12. © Franko Khoury, National Museum of African Art, Smithsonian Institution, Washington D.C. FIG. 19 : Figure masculine assise avec fusil et chapeau melon. Mbembé, Région du fleuve Ewayon, Province de la Cross River, Nigeria. XXe siècle. Bois. H. : 101 cm. Collection privée. © Pauline Shapiro/Sotheby’s.


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