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97 Près d’un tiers de l’exposition est composé d’oeuvres créées par des artistes mende de Sierra Leone, qui ont produit de nombreux objets dans le contexte des rites d’initiation au sein de la société féminine sande, appelée « société Sande ». Toutes les femmes adultes de la région y sont rattachées. Les filles intègrent l’association aux alentours du début de la puberté, après une longue période d’éducation et de préparation. L’art le plus connu associé à cette société est le masque-casque sande, reconnaissable à ses surfaces noires polies et aux traits compacts du visage féminin (fig. 2-6). Ce genre est unique : il s’agit du seul type de masque sculpté en bois en Afrique subsaharienne à représenter un personnage féminin et à être porté par des femmes. La société d’initiation Sande est répandue et regroupe diverses ethnies. De ce fait, l’exposition comprend également des masques-casques créés par les Vai (fig. 3) et les Bullom du Sud, anciennement appelés Sherbro (fig. 2). Autrefois, les initiées mende se paraient de pendentifs en argent de formes variées ainsi que de pendentifs en ivoire pourvus d’attaches en argent. Ils étaient portés en guise de symbole de rang et certains possédaient sans doute des inscriptions coraniques à des fins de protection (fig. 7). Souvent présentée comme le pendant masculin de la société Sande, la société Poro existe, elle aussi, dans divers groupes de la région. Ici, les masques jouent également un rôle majeur dans le déroulement du rite d’initiation, tant pour les participants que pour les spectateurs. Contrairement aux masques du Sande, les masques pour le Poro diffèrent considérablement en matière de taille et de technique entre les populations, y compris au sein d’un même groupe. L’exposition illustre en partie cette diversité par le biais de masques mende, vai et loma (fig. 8 et 9). Un autre groupe bien représenté est formé par les Dan, dont la terre natale chevauche la frontière qui sépare le Liberia et la Côte d’Ivoire. Les masques constituent l’expression artistique la plus importante des Dan, présents lors des rites d’initiation, des funérailles et à d’autres occasions religieuses et séculaires. Il est parfois difficile de distinguer les masques des Dan de ceux de leurs voisins proches mais bien moins nombreux, les Mano (fig. 10). L’art est extrêmement valorisé au sein de la société dan, à tel point qu’on se souvient encore aujourd’hui du nom de bon nombre de sculpteurs et forgerons d’autrefois. L’exposition présente le travail de certains artistes identifiés par leur nom, notamment l’un des sculpteurs dan les plus importants du XXe siècle, Zon (ca 1900-1985), un descendant de forgerons. La planche de jeu mankala et le masque miniature représentent ses Visions de la forêt FIG. 7 : Pendentif carré. Mende, Sierra Leone. Début du XXe siècle. Argent. H. : 10 cm. Succession de William Siegmann, Brooklyn. Photo : Minneapolis Institute of Arts. FIG. 8 : Masque gbini. Mende, Sierra Leone. Début du XXe siècle. Bois, peaux de léopard, mouton et antilope, raphia, coton (fibres et bandes) et cauris. H. : 43,2 cm. Brooklyn Museum, don de William C. Siegmann, inv. 2004.77.1. Photo : Brooklyn Museum. PAGE OPPOSÉE, dans le sens des aiguilles d’une montre. FIG. 3 : Masque ndoli jowei. Vai, Liberia. Fin du XIXe siècle. Bois. H. : 47 cm. Succession de William Siegmann, Brooklyn. Photo : Minneapolis Institute of Arts. FIG. 4 : Amara, connu aussi comme Pa Jobo (vers 1900–1970), masque ndoli jowei. Mende, Sierra Leone (Mano-Penubo, district de Bo). Première moitié du XXe siècle. Bois. H. : 36 cm. Minneapolis Institute of Arts, don de William Siegmann, inv. 2011.70.5. Photo : Minneapolis Institute of Arts. FIG. 5 : Masque ndoli jowei. Bullom du sud (Sherbro), Sierra Leone. Début du XXe siècle. Bois. H. : 38 cm. Succession de William Siegmann, Brooklyn. Photo : Minneapolis Institute of Arts. FIG. 6 : Masque ndoli jowei. Mende, Sierra Leone. Milieu du XXe siècle. Bois. H. : 39,4 cm. Succession de William Siegmann, Brooklyn. Photo : Minneapolis Institute of Arts. FIG. 9 : Masque okobuzogui. Loma, Liberia. Milieu du XXe siècle. Boi, argile et alliage cuivreux. H. : 101,6 cm. Brooklyn Museum, fonds d’acquisition A. Augustus Healy, inv. 2004.1. Photo : Brooklyn Museum.


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