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MUSÉE à la Une A T U A DIEUX SACRÉS DE POLYNÉSIE FIG. 1 : Tête d’un atua. Rarotonga, îles Cook, Polynésie centrale. Probablement XVIIIe siècle ou avant. Bois. H. : 7,5 cm. Museum of Archaeology and Anthropology, Cambridge University. PAGE DE DROITE (dans le sens des aiguilles d’une montre) FIG. 2 : Ancêtre déifié A’a. Rurutu, îles Australes, Polynésie centrale. Probablement XVIIIe siècle ou avant. Collecté par la London Missionary Society à Raiatea sur les îles de la Société, en 1821. British Museum, Londres, Oc,LMS.19. Photo : Barry Le Lievre, National Gallery of Australia. FIG. 3 : Sculpture d’une forte présence. Aotearoa (Nouvelle Zélande). Probablement avant le XIXe siècle. Collection Gordon Sze, New York. Photo : Barry Le Lievre, National Gallery of Australia. FIG. 4 : Sculpture d’un oiseau frégate recouverte de quarante symboles komari (la plupart évoquant des organes génitaux externes féminins). Rapa Nui (île de Pâques), Polynésie orientale. Probablement XVIIIe siècle ou avant. British Museum, Londres. Oc1950,04.12. Photo : Barry Le Lievre, National Gallery of Australia. FIG. 5 : Détail d’une figure féminine moai papa. Rapa Nui (île de Pâques), Polynésie orientale. Probablement début du XIXe siècle. Bois, os, obsidienne. H. : 64 cm. Otago Museum, Dunedin, Nouvelle Zélande. Atua est née de ma curiosité. Avant l’arrivée du christianisme, le monde polynésien était peuplé de dieux mais moi, vivant en ce début de XXIe siècle, je n’y connais rien en dieux, du moins au sens viscéral du terme. Je me suis penché sur la Polynésie avec curiosité. Peut-être pouvait elle m’apprendre ce qu’était un dieu ? Je ne savais pas par où commencer mais, étant conservateur dans un musée, chercher à en savoir plus sur les figures divines – ces « idoles païennes », comme les missionnaires se plaisaient à les appeler – m’a semblé un bon début. Mon choix s’est porté sur la sculpture : figures de bois, de plumes et de pierre. Il m’est vite apparu que cette exploration personnelle pouvait se muer en une exposition polynésienne majeure. Par Michael Gunn J’ai alors évoqué cette possibilité avec Brent Benjamin, directeur du Saint Louis Art Museum, où je travaillais à l’époque. Il a considéré la question pendant à peine une minute puis m’a dit que je devais être ambitieux et que je devais trouver les plus beaux exemples d’art polynésien à travers le monde. En entendant ces paroles, j’ai compris que j’avais son feu vert. J’avais un sujet, mais pas de thème. Lorsque j’ai rejoint la National Gallery of Australia à Canberra en 2008, le concept de l’exposition m’a naturellement suivi, étant entendu qu’elle partirait ensuite directement au Saint-Louis Art Museum. J’en ai parlé au directeur de la NGA, Ron Radford, qui a immédiatement décelé le potentiel d’une telle exposition et m’a donné son accord. Steve Hooper de Norwich avait, en 2006 déjà, organisé une exposition générale, Pacific Encounters: Art and Divinity in Polynesia, 1760-1860, où les dieux polynésiens avaient été abordés. Pour ce projet, il s’était entouré de spécialistes comme Karen Jacobs, Ludovic Coupaye, Maia Nuku, Wonu Veys et Amiria Salmond. Je ne voulais pas reproduire ce que Steve et son équipe avaient réalisé, mais plutôt donner une identité propre à mon projet. J’avais commencé à chercher des objets d’art polynésien qui étaient associés au nom des atua, les dieux et les esprits de Polynésie. D’après les archives consultées, il avait existé des milliers d’atua et pas seulement les quatre grands noms de dieux – Tangaroa (Kanaloa), Tu (Ku), Tane (Kane) et Rogo (Rongo, Lono) – auxquels les gens intéressés par ce sujet pensent aujourd’hui. En peu de temps, j’avais accumulé des photos et des informations concernant plus de cinq mille objets. J’ai découvert que plusieurs d’entre eux portaient des noms – attribués après leur départ de leur terre d’origine –, mais que leurs appellations réelles étaient inconnues. Parmi ces noms attribués figuraient des termes génériques ou descriptifs comme tiki (image), moai kavakava (gravure striée), et ki’i hulu manu (image à plumes). Il est également devenu évident que même des noms en apparence autochtones comme Ku ka’ili moku (« celui qui s’empare des terres », une facette de la divinité hawaïenne appelée Ku) avaient été donnés loin de l’environnement premier, rendant plus obscurs les associations et le contexte originaux des oeuvres. J’ai décidé de m’éloigner de ces dénominations incohérentes et absurdes et de me plonger dans les ouvrages du


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