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MUSÉE spécial 78 FIG. 5 (CI-DESSUS) : Sac dilly. Australie, territoire du Nord, terre d’Arnhem occidentale. Début du XXe siècle. Fibres de feuille de pandanus, ocre et plumes. H. : 44 cm. Don de Maurice Bastian en 1955 ; collecté par Walter Baldwin Spencer en 1912. MEG Inv. ETHOC 025201. FIG. 6 : Pot à pupuk. Batak, Indonésie, Sumatra. XIXe siècle. Bois, céladon, cuivre, fibres végétales et dépôt humain. Bois. H. : 32,5 cm. Acquis aux Berkeley Galleries de Londres en 1957 ; ancienne collection de l’ethnologue William Ohly (1883- 1995). MEG Inv. ETHAS 026784. Dans la première moitié du XXe siècle Eugène Pittard et le musicologue roumain Constantin Brailoiu réalisent leurs premières enquêtes. D’autres ethnographes professionnels, comme Hans Himmelheber (1908-2003), feront également des collectes pour le musée (ETHAF 015847). Marguerite Lobsiger-Dellenbach, seconde directrice du musée jusqu’en 1967, sollicita Max van Berchem (1904-1982) pour la mise sur pied d’une vaste « céramothèque », qui occupe aujourd’hui une place importante dans la collection du MEG. Des échanges avec des institutions internationales, comme la Smithsonian Institution (ETHAM K001651) ou l’Australian Museum de Sydney (ETHOC 028252 et ETHOC 028210) se multiplient. L’interprétation et la comparaison sont en tête des préoccupations, ce qui réoriente résolument le projet de l’ethnographie à l’ethnologie puis à l’anthropologie. Marguerite Lobsiger-Dellenbach, personnage haut en couleurs, fut une femme remarquablement originale pour son époque à Genève, non seulement par sa passion pour l’ethnographie, mais aussi comme personne publique en sa qualité de directrice de musée. Elle donna le ton en faisant ses premières collectes de terrain au Népal lors de la mission scientifique genevoise de l’expédition suisse à l’Everest, de mars à juillet 1952. À côté de ces oeuvres issues d’activités scientifiques, d’autres non négligeables ont rejoint les collections du MEG par des voies diplomatiques. En effet, Eugène Pittard se plaisait à encourager les nombreuses représentations diplomatiques à la Société des nations à fournir au musée des objets représentatifs de leurs pays. Ces opérations furent particulièrement fructueuses avec les pays balkaniques auxquels Pittard portait beaucoup d’intérêt et qu’il avait largement parcourus. Étonnamment ancienne et représentative de l’évolution du regard porté sur l’autre, l’histoire des collections du MEG qui est contée dans l’espace d’introduction de notre nouvelle muséographie méritait d’être développée dans toute sa complexité avant de proposer au visiteur une présentation des collections pour laquelle un ancrage continental a été choisi, seule l’ethnomusicologie proposant une approche transversale. PARCOURS AU TRAVERS DE LA DIVERSITÉ HUMAINE Dans ces itinéraires particuliers, pas de scénographie de mise en contexte, pas de dioramas, de mise en regard de photographies ou autres décors ! Seuls des ensembles et des sousensembles rappellent les quelques siècles de classification de ces témoignages matériels de la créativité humaine. Tout au long des parcours, que l’on peut emprunter indifféremment en commençant par l’un ou l’autre continent, les objets sont individuellement replacés dans le temps, la période de création et d’utilisation, le moment d’acquisition, pour éviter tout contresens dans leur mise en rapport entre eux. À proprement parler, l’essentiel des collections n’est d’ailleurs plus ethnographique, mais bien historique. Elles forment un fonds documentaire reflétant la diversité des formes d’organisation sociale, des archives où l’on peut explorer l’infinie créativité des sociétés humaines. Si certains objets sont toujours utilisés, comme c’est le cas pour l’art bouddhique ou les tapas polynésiens, pour la plupart ils se rapportent à des pratiques, rituelles, religieuses ou politiques qui font désormais partie du passé. Dans tous les cas il convient de ne pas céder à l’anachronisme et de se rappeler que personne, dans aucune société, ne pense ni n’agit de la même manière que ses ancêtres. Pour toutes les collections – dont nous offrirons ci-après un aperçu – nous avons cherché à identifier les artistes, les créateurs des objets, ainsi que leurs détenteurs quand les recherches d’archive nous livraient des informations concluantes à cet égard. De même, dans ce processus d’analyse de nos collections, nous avons accordé une attention toute particulière à mettre au clair le contexte d’acquisition et la provenance des oeuvres, autant de détails permettant de resituer les objets dans le temps et dans l’espace avant qu’ils n’entrent au musée. Couvrant une immensité culturelle allant du Bosphore au Kamchatka et à Bornéo, le département Asie du MEG est l’un des plus riches, avec une collection de plus de quinze mille objets. Ce premier parcours s’ouvre avec un bol chinois en bronze du VIe au Ve siècle avant notre ère, dont on ne connaît qu’un autre exemplaire comparable, en Chine (ETHAS 033635), et avec des cartes occidentales anciennes de l’Asie. Ensuite, alors que l’on progresse vers l’est du continent, trois grands thèmes sont abordés, l’iconographie religieuse, l’écriture et le pouvoir. Chacun de ces sujets est évoqué par des ensembles d’oeuvres remarquables dont plusieurs figurent parmi les fleurons du musée. Illustrant l’iconographie bouddhique chinoise, l’un d’eux est la sculpture de Guanyin Pusa, bodhisattva de la compassion, datant du XIIIe siècle (ETHAS 033646). La vedette de la partie dédiée aux rapports de pouvoir sera sans doute l’armure à l’effigie de Fudo Myoo (ETHAS 022384), dont la bombe du casque est signée « Yoshinori », un artisan de l’école My chin actif au deuxième quart du XVe siècle. La cuirasse de cette armure, d’époque Genroku (fin XVIIe siècle) présente une scène puissante de protection dans le bouddhisme tantrique : la Triade du roi de science inébranlable, avec les jouvenceaux Kongara et Seitaka. Le parcours asiatique nous conduit ensuite en Insulinde, avec plus de dix-sept mille îles, mosaïque exceptionnellement diversifiée de cultures que cette section de l’exposition ne fait qu’évoquer avec quelques objets remarquables,


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