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156 Helena ne travaillait pas dans la galerie, mais Lotzi rapportait de temps à autre des objets à la maison. Il lui expliquait qu’il était en train de les vendre à un client, mais que son enthousiasme débordant le poussait à les acheter lui-même. Leur cercle d’amis comptait quelques marchands, notamment Leonard Kahan, mais on y trouvait essentiellement des acteurs, des musiciens, des diplomates, des anthropologues et des artistes. Segy échangeait de l’art africain contre des croquis avec son ami Jacques Lipschitz. Ils connaissaient Louise Nevelson et Arman, Burle Marx et d’autres artistes brésiliens. Après leur rencontre en 1968, Segy encouragea Pascal Imperato à publier ses travaux sur l’art du Mali, en particulier celui des Bambara. Hormis l’Afrique, ils visitèrent le Pérou, Helena Segy, New York, 2007. Photo : Hendrik Smildiger. le Chili et l’île de Pâques. Ils passèrent trente belles années ensemble. Helena fut dévastée par la mort de Segy. La collection d’art moderne qu’il avait constituée à Paris fut vendue aux enchères, mais elle conserva l’art africain. La bibliothèque et les archives de Segy furent léguées à la Smithsonian Institution à Washington D.C., sa collection d’objets lié au culte de Shango au Museum of the White Fathers dans le New Jersey, et la majorité de leurs textiles péruviens au Fashion Institute of Technology de Manhattan. D’une élégance et d’une dignité à toute épreuve, Helena n’a jamais eu peur de livrer ses opinions, qu’il s’agisse d’exprimer ses idées éclairées sur l’art ou de conseiller ses nombreux amis sur la valeur de l’amour véritable, deux domaines que sa relation avec Lotzi lui avait permis de maîtriser parfaitement. Helena s’est éteinte le 14 avril à l’âge de 100 ans et son absence se fait déjà cruellement ressentir. Hermione Waterfield Barbara Kerr La communauté des spécialistes, collectionneurs et étudiants en art précolombien pleure le décès de Barbara Kerr. Partenaire de longue date de Justin Kerr, Barbara faisait partie intégrante de Kerr Associates, organisation connue pour son travail photographique d’avant-garde et ses archives photographiques, mayavase.com, qui comportaient les ouvrages originaux sur les vases maya et le portfolio précolombien. Nous nous souviendrons de Barbara, qui avait étudié le design au Pratt Institute de New York, pour sa grande sensibilité esthétique, son sens pratique et son esprit généreux et chaleureux. Barbara et Justin se sont mariés en 1950 et ont entamé leur carrière dans la photographie, d’abord dans les domaines du théâtre, de la mode et de la publicité commerciale à New York. Un voyage au Mexique en 1959 donna un nouveau sens à leur vie. Après avoir visité Chichen Itza, Barbara raconta : « C’est inexplicable… Quelque chose nous a envahi tous les deux au même moment. » En 1970, ils travaillaient exclusivement dans le domaine de l’art ancien, étudiant et photographiant l’art précolombien, en particulier l’art maya. Leur collaboration unique englobait la photographie, le design et la recherche, ce qui les amena à travailler avec d’importants musées et collections privées à travers les États-Unis. Barbara se chargeait également de la restauration et passa maître dans l’art de la reconstruction de vases maya, en accordant une attention particulière à la technique de l’artiste d’origine. Régulièrement, elle participait et prodiguait ses conseils lors des ateliers sur les vases mayas organisés à Austin, où elle consacrait une grande partie de son temps à présenter aux étudiants les caractéristiques subtiles des glyphes et des styles figuratifs. Barbara et Justin accueillaient, offraient leur amitié et leur expertise aux spécialistes les plus en vue aussi souvent qu’ils le faisaient avec les étudiants et les nouveaux collectionneurs passionnés. L’élégance et la clairvoyance de Barbara nous manqueront énormément. Stacy Goodman HOMMAGE Helena Segy « C’est splendide ! », s’exclamait souvent Helena, une expression qui reflétait sa passion et sa capacité sans bornes à apprécier ce qui l’entourait. Toujours élégante, elle se souciait des autres et tous ceux qui l’ont rencontrée ont été impressionnés par son charme, son esprit et sa joie de vivre. Helena Muniz de Souza est née dans une famille très aisée de São Paulo au Brésil en 1914. Pianiste douée et intéressée par toutes les formes d’art, elle épousa l’architecte Henrique Mindlin. C’est lui qui persuada Alexander Calder de visiter le Brésil, où il fit la connaissance d’ Helena, ce qui donna naissance à une belle amitié. Plus tard, des collectionneurs viendront consulter Helena afin qu’elle authentifie les travaux de Calder. Le mariage d’Helena et Henrique ne fut pas des plus heureux. Après leur séparation, elle lança une entreprise de design de mobilier moderne. Elle rencontra ensuite l’amour de sa vie, le marchand et spécialiste d’art africain Ladislas Segy. Né en Hongrie, Segy s’était rendu à Paris afin de devenir peintre, mais fut littéralement captivé par l’art africain qu’il admira là-bas. Il partit à New York en 1936 pour ouvrir la seule galerie exclusivement consacrée à l’art africain. Il donna des conférences et rédigea des articles et des livres sur le sujet. Il voulait que tout le monde partage son enthousiasme. Segy se rendait en Argentine pour donner une série de conférences lorsqu’il s’arrêta à São Paulo et fit la connaissance d’Helena. Elle le fascina, à tel point qu’il annula son voyage pour revenir à São Paulo et la demander en mariage. Elle savait qu’ils avaient partagé un moment très spécial et décida quelques jours plus tard de le rejoindre à New York. Elle se rendit à El Paso pour obtenir son divorce, puis épousa son Lotzi le 23 février 1957. Babara Kerr, Quiahuitzlan, Mexique, 1975.


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