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HISTOIRE d’objet RÉUNIES : DEUX SCULPTURES DE SANCTUAIRE URHOBO Séparées pendant plus de quatre décennies, deux remarquables statues urhobo viennent d’être réunies à l’Africarium, une collection privée se trouvant dans le New Jersey (fig. 1-3). Elles ont été créées par le même artiste aux alentours de 1850 et proviennent selon toute vraisemblance du même sanctuaire. Sculptées pratiquement grandeur nature, l’une représente un guerrier et l’autre une mère allaitante dont le bébé s’est détaché et a été égaré à un moment quelconque. Bien qu’elles aient subi d’importants dégâts au fil du temps, elles figurent parmi les témoignages de l’art urhobo les plus évocateurs et puissants qui soient. Le parcours de la figure féminine en dehors du territoire urhobo est bien documenté. Elle a été rapportée en Europe par Philippe Guimiot en 1972 et a passé près de trente ans dans la collection de Baudouin de Grunne, après quoi elle est revenue chez Guimiot pour finalement se retrouver en possession 130 de son actuel propriétaire. Au fil des années, elle est apparue dans bon nombre d’expositions et de publications. La figure masculine a fait partie de la collection de Georges Loiseau à Abidjan au début des années 1970, puis est passée par différents propriétaires en Belgique et en France avant d’être présentée par Bernard de Grunne au Parcours des Mondes 2013 à Paris. Ensuite, elle a pu rejoindre son alter ego à l’Africarium. Les deux statues avaient été brièvement réunies lors de mon exposition de 2004 Where Gods and Mortals Meet: Continuity and Renewal in Urhobo Art au Museum for African Art à New York, où elles étaient présentées ensemble parmi d’autres statues. En préparant l’exposition à l’aide de photos, j’avais eu la nette impression qu’elles étaient « frère et soeur » ou peut-être « père et fille ». Ce n’est qu’en installant l’exposition que la proximité réelle de leur relation est apparue distinctement. Ces deux imposantes sculptures sont l’oeuvre du même auteur, une personne qui fait assurément partie des meilleurs artistes urhobo. Son style se caractérise par l’exécution précise de la tête, du front protubérant à la courbe concave des joues, en passant par les traits nets de la mâchoire qui s’achève en une bouche ouverte et agressive. D’autres détails formels méritent également d’être soulignés, notamment la poitrine gonflée et les très belles surfaces à facettes des jambes. La courbure du dos est particulièrement importante, sculptée de haut en bas selon une courbe progressive, Par Perkins Foss FIG. 1 (PAGE DE DROITE) : Paire de figures de sanctuaire réunies edjo-re-akare. Urhobo, Nigeria du Sud. Milieu du XIXe siècle. The Africarium, New Jersey. Photo : James Worrell. FIG. 2 : Vue de dos du guerrier edjo-re-akare. Urhobo, Nigeria du Sud. Milieu du XIXe siècle. Bois et traces de pigment. H. : 143,5 cm. The Africarium, New Jersey. Photo : James Worrell. FIG. 3 : Vue de dos de l’oni emo (maternité), edjo-re-akare. Urhobo, Nigeria du Sud. Milieu du XIXe siècle. Bois et traces de pigment. H. : 138 cm. The Africarium, New Jersey. Photo : James Worrell.


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