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120 On ne sait pas exactement ce que Viegen a collecté, mais le journal résumé publié de cette expédition indique clairement que la majorité des objets ont été récoltés le long du fleuve Nord-Ouest. Si l’on tient compte de ses rapports et dessins détaillés illustrant ses recherches chez les Marind Anim, il est peu probable que Viegen n’ait consigné aucune information quant aux boucliers et aux sculptures collectionnés. Pourtant, ce compte-rendu n’y fait jamais allusion. Viegen conclut son journal en écrivant : « Je pourrais encore ajouter bien des choses, mais si je devais parler de tout ce qui a suscité mon intérêt, je ne m’arrêterais jamais. En outre, bon nombre de ces curiosités ne seraient guère intéressantes pour les lecteurs de ces annales. J’espère avoir l’occasion d’y revenir ailleurs. » Je suis convaincu que le père Viegen aurait aimé parler de ces choses, mais qu’il n’a peut-être jamais trouvé le temps de le faire. Ainsi s’achève le voyage du premier missionnaire catholique à s’aventurer au plus profond du territoire des Asmat. Peu de temps après, le détachement de l’exploration sera transféré dans la région du fleuve Digul, ce qui mettra brutalement fin à toute activité militaire dans cette région. Ce n’est qu’en 1941 que ces populations auront l’occasion de revoir un missionnaire.14 Le Valk est reparti vers Merauke avec à son bord une vaste collection d’objets ethnographiques. Il y avait au moins vingt-et-un boucliers Asmat et douze figures anthropomorphes en bois qui, après avoir quitté le fleuve Nord- Ouest, étaient sur le point d’entamer un long voyage à travers le monde ; un voyage qui n’est pas encore terminé pour certains de ces objets. OBJETS EN MOUVEMENT : MERAUKE Viegen écrit au père supérieur le 1er juin 1912 : « J’ai embarqué le 14 avril pour un voyage et je ne suis rentré à Merauke que le 22 mai. »15 Dans cette lettre, il raconte qu’il a souffert de sérieuses crampes d’estomac juste après son retour et qu’il a été très occupé. « C’est pourquoi je n’écris toujours rien à propos de mon voyage et que je dois terminer ma correspondance en toute hâte. » Toutefois, ses lettres suivantes ne reviennent pas sur son voyage. Dans une missive datée du 11 octobre 1912, Viegen raporte : « Je ne sais pas si je vous ai déjà informé que nous avons accueilli un homme malade dans notre maison, arrivé ici accablé par une fièvre des marais. Il s’appelle Lewis16 et vient de New York. Cela fait trois ans qu’il parcourt les tropiques. Il a visité la Nouvelle-Poméranie, la Nouvelle-Guinée allemande, etc., afin de collectionner des objets ethnographiques pour le musée de sa ville. Il désire terminer son voyage par Merauke. Il est cependant arrivé ici extrêmement malade … ses projets de visite de la région tomberont probablement à l’eau. En tout cas, je lui ai fortement déconseillé pareil voyage …


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