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113 le sud-ouest de la Nouvelle-Guinée. La seconde boîte est dédiée aux Marind Anim : hommes merveilleusement vêtus, têtes-trophées, femmes pudiques, portraits de quelques missionnaires, poste de mission à Merauke… et boucliers !3 Enfin ! De joie, je bondis de ma chaise, puis reprends mes esprits et me rasseois. Les photos sont plus grandes que les autres dans cette boîte et les tons sépia sont surprenants. Format différent, couleur différente (fig, 1, 2 et 3)… Ces photos auraient elles été prises par d’autres personnes que les missionnaires ? Si oui, par qui ? Les photos sont fortement collées au papier, donc pas question de regarder au dos. Toujours de nouvelles questions. Mais je devrais me mettre à écrire – sur le père Joseph Viegen, qui prit part à une exploration militaire du territoire asmat en 1912 et en profita pour constituer une collection d’objets ethnographiques. Cette collection comprend essentiellement des boucliers asmat et quelques-unes des sculptures anthropomorphes en bois au corps svelte et aux membres courbés qui sont caractéristiques de la sculpture asmat. L’histoire que je m’apprête à écrire s’intéresse à cette collection et à la manière dont elle a été disséminée dans le monde entier.4 La chronologie de cette histoire se fonde sur des sources avérées, bien que relativement peu rigoureuses. La vie personnelle du père Joseph Viegen au Kruisherenklooster tient dans un mince dossier contenant un formulaire préimprimé avec des informations biographiques et concernant son travail pour les MSC notées à l’encre noire. FIG. 4 : Père Joseph Viegen (sans doute) en 1905 environ. Avec l’aimable autorisation des MSC de Tilburg. Père Viegen Pour raconter une vie entière, des dates et des années valent mieux que des mots. Joseph Viegen est né à Maastricht le 24 octobre 1871. Il est ordonné en 1897 puis part pour la Nouvelle-Poméranie (aujourd’hui la Nouvelle-Bretagne). De 1904 à 1909, il est prieur à Langgoer, dans les îles Kei. Il arrive à Merauke en 1909 et travaille parmi les Marind Anim. En 1915, il retourne aux îles Kei. Les mots « Kei, infirme » apparaissent après les années 1915-1919. En décembre 1919, il revient aux Pays-Bas, où il s’éteint le 11 novembre 1936. Une enveloppe séparée contient quelques photos de lui et sa fiche « In Memoriam ». Je les aligne sur la table. La première photo montre un jeune père Viegen, peut-être juste après son ordination ? Il aurait dans ce cas été âgé de 25 ans. Épaules étroites, raie dans les cheveux, moustache, bouc naissant et petites lunettes ovales (fig. 4). En 1905, Viegen revient aux Pays-Bas lors d’un congé et la photo que je découvre ensuite a dû être prise à cette période. Il a donc environ 34 ans. Les autres photos représentent un Viegen nettement plus âgé et ont probablement été prises lors de son retour définitif aux Pays-Bas. La dernière photo montre le père Viegen mort, dans son cercueil. Sa tête repose sur un coussin brodé avec les mots « Rust in vrede » (Repose en paix). Autour de sa tête, quelques fleurs. Une autre boîte contient des notes et la correspondance du père Viegen, mais presque toutes ces notes concernent les Marind Anim, ce qui ne m’apprend rien sur sa participation à l’expédition de 1912. Elles sont rédigées d’une petite écriture soignée et illustrées au moyen de dessins


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