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MUSÉE à la Une À l’époque des explorations de Wallace, on observa un intérêt croissant pour l’environnement et les cultures de cette région parmi les ethnologues et les naturalistes occidentaux. Il en découla la découverte de formes d’art qui séduiront les artistes et les collectionneurs occidentaux du XXe siècle. Wallace lui-même souligna l’exceptionnelle sensibilité esthétique démontrée par le peuple de la baie de Cenderawasih : « Les habitants de Dorey à l’ouest de la baie de Cenderawasih 110 sont de grands sculpteurs et peintres. … Les proues à haut bec de leurs bateaux sont décorées avec de multiples pièces en filigrane ajouré, découpées dans d’imposants blocs de bois, et souvent très esthétiques. La figure de proue, ou pinacle, se compose souvent d’une figure humaine dont la tête est faite de plumes de casoar afin d’imiter la « tignasse » papoue. Les flotteurs de leurs lignes de pêche, les batteurs en bois utilisés pour durcir l’argile pour la poterie, leurs boîtes à tabac et d’autres objets du quotidien sont gravés de motifs de bon goût et souvent raffinés. … Tous vouent un amour incontestable aux beaux-arts, et consacrent leur temps libre à réaliser des oeuvres dont le bon goût et l’élégance susciteraient régulièrement l’admiration dans nos écoles de design ! »2 La majorité des oeuvres exposées ont été créées pour répondre à des besoins individuels ou de la communauté. Les sculptures figuratives commémorent les fondateurs du village et les ancêtres de la lignée. Les structures de grande taille, comme les poteaux fourchus de Flores, étaient érigées afin d’assurer l’ordre et l’équilibre cosmiques. Elles étaient à l’origine placées en des lieux pourvus d’une dimension rituelle majeure, au centre du village ou dans des endroits qui, d’après la légende ou l’histoire orale, étaient liés à des événements importants pour la communauté. Tous les objets exposés n’étaient cependant pas destinés à être utilisés dans le cadre d’un rituel ou d’une cérémonie. Les objets fonctionnels sont eux aussi décorés – épées, manches de couteau ou d’herminette et matériel de pêche. L’art créé « à l’est de la ligne Wallace » révèle un intérêt prononcé pour les motifs élaborés entrelacés et les formes géométriques complexes, utilisés pour décorer de vastes surfaces, comme les poteaux de rituel et les éléments d’architecture, ainsi que de petits objets tels que peignes et cuillères. Le même amour des motifs complexes, souvent associés à de minuscules représentations d’ancêtres, se retrouve partout. Malgré une très grande diversité culturelle, il existe à travers la région des éléments iconographiques et stylistiques communs. Le calendrier de l’exposition n’a malheureusement pas laissé le temps nécessaire à l’élaboration d’un catalogue. Néanmoins, grâce à l’aide généreuse d’Eight Communications, la société de stratégie de marque et de design gérée FIG. 18 : Figure d’ancêtre ou de divinité. Waigeo, îles Raja Ampat. XIXe siècle. Bois. Prêt de Thomas Jaffe TR2013.15567.45. Photo : Johan Vipper. FIG. 19 : Ornement de proue de pirogue. Baie Cenderawasih, Papouasie occidentale. XIXe siècle. Bois et plumes de casoar. Prêt de Thomas Jaffe, Yale University Art Gallery, inv. TR2013.15567.26. Photo : Johan Vipper. FIG. 20 : Ornement de proue de pirogue. Biak, baie Cenderawasih, Papouasie occidentale. Milieu du XIXe ou début du XXe siècle. Bois et plumes de casoar. Don d’Anne Mitro en mémoire de Frieda et Milton Rosenthal, Yale University Art Gallery, inv. 2009.85.6.


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