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109 La collection de l’Indo-Pacifique de la Yale University Art Gallery se distingue par sa spécificité régionale faisant la part belle à l’art d’Indonésie orientale, notamment Sulawesi, Flores, le Timor et les Moluques du Sud (fig. 17). Ce pan de la collection comporte plusieurs objets de grande taille, difficiles à inclure dans la galerie permanente, dont le plafond est relativement bas. La possibilité de disposer du plus grand espace d’exposition temporaire de l’Art Gallery a permis de présenter ces pièces pour la première fois, qui plus est sous un angle novateur, examinant les liens entre l’Indonésie orientale et l’art de la Nouvelle-Guinée occidentale. Tom Jaffe, principal mécène du département, a prêté d’autres objets issus de la « branche du Pacifique » de sa collection. C’est ainsi qu’est née l’exposition East of the Wallace Line. À l’affiche jusqu’au 1er février 2015, l’exposition tire son intitulé d’une frontière zoologique qui parcourt le monde malais du nord vers le sud. Elle fut définie par le naturaliste britannique Alfred Russel Wallace, coauteur avec Charles Darwin de la théorie de l’évolution. Lors d’un voyage à Bali et Lombok entrepris en 1859 durant son séjour dans les Indes orientales (1854-1862), Wallace constata d’importantes différences dans la faune entre, d’une part, Bali et les terres situées à l’ouest et, d’autre part, Lombok et les îles à l’est du détroit de Lombok. Les deux îles « constituent les points extrêmes de deux grandes divisions zoologiques de l’hémisphère est ».1 La ligne Wallace continue en direction du nord entre Bornéo et Sulawesi puis bifurque au nord-est pour passer sous les Philippines et au nord de l’archipel de Sangihe et Talaud. À l’est de la ligne Wallace : Art monumental d’Indonésie et de Nouvelle-Guinée FIG. 16 : Veste de femme halili. Palu Toraja, Sulawesi. Vers 1900. Coton, mica et paillettes ; appliqué, broderies. Coton ; ikat de chaîne. Collection Robert J. Holmgren et Anita E. Spertus Collection. Promesse de don de Thomas Jaffe, Yale University Art Gallery, inv. ILE2006.4.65. FIG. 17 : Planche ornementale d’une maison d’ancêtre. Bajawa, Ngada, Flores. XVIIIe–début du XIXe siècle. Bois. Promesse de don de Thomas Jaffe, Yale University Art Gallery, inv. ILE2014.8.72. Photo : Johan Vipper. Il serait faux d’affirmer que la ligne Wallace suit également une division culturelle entre l’est et l’ouest du monde malais. Néanmoins, certaines caractéristiques iconographiques et stylistiques sont communes aux arts de l’est de la ligne Wallace, et ce sont précisément ces spécificités qui sont abordées dans l’exposition (fig. 18). L’exposition des arts de l’Indonésie orientale s’intéresse en particulier au Timor, à Flores, à Sumba et aux Moluques du Sud, viviers de spectaculaires structures rituelles et de sculptures ancestrales. Outre la présentation des sculptures de plus grande taille de la collection, l’exposition permet également de montrer les grands textiles cérémoniels de cette région. En ce qui concerne la zone côtière de la Nouvelle-Guinée occidentale, l’installation présente des objets provenant des îles Raja Ampat et de la baie de Cenderawasih, situées dans la péninsule de Doberai, dite « Tête d’oiseau » (fig 19 et 20). Dans cette région, le style appelé korwar s’est développé. Un korwar représente l’esprit d’un ancêtre faisant l’objet d’une profonde vénération, mais qui inspire également la crainte et la prudence. Le korwar est à l’origine un objet religieux, mais les caractéristiques stylistiques des traits du visage – yeux profonds et nez en pointe de flèche – se retrouvent également sur des objets utilisés quotidiennement : proues de bateaux, manches d’outils et bols.


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