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105 pour cela la fin des travaux de rénovation complète de la Yale University Art Gallery. Néanmoins, mes collègues du département asiatique ont aimablement mis un espace à ma disposition dans leur galerie afin d’y installer une exposition temporaire. Par souci de cohérence vis-à-vis des objets du département, j’ai choisi d’exposer une partie de la collection Thompson d’or javanais (fig. 7), coïncidant aussi avec la publication d’un catalogue revu de l’ensemble de la collection, rédigé par John Miksic.2 Nous avons également organisé un symposium, Gold in Southeast Asia, avec des conférenciers venant d’Asie, d’Europe et d’Amérique du Nord.3 TEXTILES Pour les lecteurs de ce magazine, la sculpture ethnographique de ce département ainsi que ses textiles revêtiront un intérêt particulier. Je commencerai par un bref inventaire des textiles. La quasi-totalité des quatre cents textiles indonésiens de la collection Holmgren-Spertus constitue le coeur du département. Nous savons qu’en Indonésie, le tissage est l’apanage des femmes, tout comme dans la majeure partie de l’Asie du Sud-Est. Cette collection témoigne de l’habileté hors-norme des tisserandes de la région, à qui l’on doit des oeuvres d’art réellement splendides. Même s’il est difficile de désigner les pièces maîtresses d’un ensemble de textiles d’une telle qualité, ceux de Sumatra du Sud font partie des plus séduisants. À ma connaissance, aucun autre collectionneur n’a rassemblé des textiles de cette région qui puissent rivaliser avec ceux de Holmgren et Spertus. Parmi les quelque deux cents textiles de Sumatra du Sud, les plus remarquables sont les jupes des femmes (tapis) de Lampung, qui associent un ikat extrêmement fin en fil de chaîne de coton et des panneaux de soie brodée (fig. 5). La signification de leurs motifs demeure mystérieuse, car la production a cessé à la fin du XIXe siècle. Selon une datation récente au radiocarbone, bon nombre de ces textiles ont été confectionnés entre les XVIe et XVIIIe siècles.4 La collection de tampan, des « tissus de bateaux » tissés avec une trame supplémentaire (fig. 6), est également exceptionnelle. Leurs motifs se composent souvent de bateaux qui sont richement décorés d’arbres en fleurs, ainsi que de créatures qui ressemblent à des éléphants ou des dragons. Les humains y apparaissent de profil, un trait typique du style wayang javanais, ce qui reflète les relations de longue date entre la province de Sumatra du Sud et Java. Ces textiles sont utilisés dans le cadre de cérémonies en guise de suspensions et pour protéger la nourriture lors de réceptions et de mariages. Le troisième groupe majeur de textiles de Sumatra du Sud de la collection est constitué de somptueux textiles ikat en fil de trame de soie provenant de Palembang et Bangka (limar) (fig. 8). Parmi eux, beaucoup se composent également de FIG. 7 : Sommet de couronne ou ushnisha. Centre de Java. Début du Xe siècle. Or et cristal. Collection Hunter et Valerie Thompson, Yale University Art Gallery, inv. 2008.21.109. FIG. 8 (À DROITE) : Textile d’épaule limar. Palembang, Sumatra du Sud. XVIIIe siècle. Soie, fil d’or et paillettes ; trame en ikat et broderies. Collection Robert J. Holmgren et Anita E. Spertus Collection. Promesse de don de Thomas Jaffe, Yale University Art Gallery, inv. ILE2006.4.145. FIG. 9 : Textile cérémoniel paporitonoling. Galumpang Toraja, Sulawesi. Fin du XIXe siècle. Coton ; ikat. Collection Robert J. Holmgren et Anita E. Spertus Collection. Promesse de don de Thomas Jaffe, Yale University Art Gallery, inv. ILE2006.4.33.


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