Page 102

ïTribalPaginaIntera_layout

MUSÉE à la Une 100 fondés sur l’utilisation de photographies documentant les pratiques artistiques et sociales, tant historiques que contemporaines. L’une de ces initiatives, SierraLeoneHeritage. com, consiste en une base de données numériques en ligne d’oeuvres d’art sierra-léonaises abritées dans des collections muséales en Sierra Leone et au Royaume-Uni. Il s’agit du résultat du projet « Revitaliser le patrimoine culturel : rapatriement numérique, réseaux de connaissance et renforcement de la société civile dans la Sierra Leone d’après-guerre », mené par l’anthropologue Paul Basu. Autre initiative majeure : le projet des collections libériennes de l’université de l’Indiana qui a tenté de reconstituer, en partie, les Archives nationales du Liberia pour la plupart détruites au cours des guerres civiles ayant émaillé le pays. Le recensement de données débuta de façon informelle au début des années 1990 dans le service des archives de l’université consacrées à la musique traditionnelle sous l’impulsion de l’ethnologue Ruth Stone, et prit de l’ampleur par le biais de dons d’archives constituées par des spécialistes libériens, notamment les anthropologues Svend Holsoe et Warren d’Azevedo et, plus récemment, par Bill Siegmann. L’histoire nous a appris que la culture était perpétuellement en mouvement et que le passé et la tradition s’inscrivaient dans un processus constant de redéfinition. Certains changements s’avèrent positifs. Par exemple, l’excision a longtemps été pratiquée sur les filles pubères lors de la phase d’isolement de leur initiation à la société Sande. Ces dernières années, tant le Liberia que la Sierra Leone ont officiellement imposé des restrictions à cette pratique – le Liberia l’a totalement interdite et la Sierra Leone l’a déclarée illégale sur les filles âgées de moins de dix-huit ans. D’autres aspects des rites d’initiation du Liberia et de la Sierra Leone sont également marqués par un changement continu et les masques et tenues qui y sont associés ont évolué en matière de formes et de fonctions. Les objets collectés et préservés par Bill Siegmann offrent, dès lors, une occasion unique de réfléchir à l’équilibre atteint entre le respect du passé et l’adaptation à l’avenir. Minneapolis Institute of Arts Minneapolis, MN 20 septembre 2014 – 8 février 2015 artsmia.org Indiana University Art Museum Bloomington, IN 7 mars 2015 – 20 mai 2015 www.iub.edu FIG. 13 : Couple. Peuple sapi, style mahen yafe, Sierra Leone. Probablement XIVe–XVIIe siècle. Pierre. H. : 25,4 cm. Collection privée. Avec l’aimable autorisation du Minneapolis Institute of Arts. FIG. 14 : Figure pomdo. Kissi, Guinée ou Liberia. Probablement XIVe– XVIIe siècle. Pierre. H. : 15,2 cm. Collection privée. Avec l’aimable autorisation du Minneapolis Institute of Arts. FIG. 15 (PAGE DE DROITE, EN BAS À GAUCHE) : Amara, ou Pa Jobo (ca 1900–1970), figure féminine. Mende, Sierra Leone (ville de Mano-Penubo, district de Bo). Milieu du XXe siècle. Bois. H. : 44,5 cm. Minneapolis Institute of Arts, don de William Siegmann, inv. 2011.70.47. Photo : Minneapolis Institute of Arts. Il était persuadé que ces objets étaient l’oeuvre d’une même personne. En se basant sur le travail de terrain de l’historienne Loretta Reinhardt en Sierra Leone en 1970 et sur ses propres recherches menées des années plus tard, Frederick Lamp propose, dans sa contribution au catalogue de cette exposition, de les attribuer à Amara, mieux connu sous le nom de Pa Jobo. Prolifique sculpteur sur bois mende actif dès les années 1920 jusqu’à sa mort en 1970, il est l’auteur avéré d’une vingtaine de masques. Toutefois, seules quatre de ses figures, dont celle-ci, ont été identifiées à ce jour. D’après les notes de Siegmann, la sculpture était probablement conservée par un chef ou une femme âgée importante afin de symboliser son rôle en matière de protection et de promotion de la société féminine Sande. Les informations recueillies par Siegmann concernant un masque dan de spectacle issu de la ville libérienne de Nyor Diaple (fig. 16) sont également très intéressantes. Il photographia ce masque en 1983 (fig. 17) et apprit qu’il était appelé « Faucon » et qu’il avait été fabriqué pour remplacer un masque dénommé « Aigle ». « Aigle » avait été banni de la ville, car son propriétaire avait vendu un masque issu de sa famille sans y être autorisé. « Faucon » fut créé en guise de reproduction d’« Aigle » et récupéra tous les musiciens et les participants d’« Aigle ». Finalement, le propriétaire d’« Aigle » et les habitants de la ville se réconcilièrent, et il fut convenu que les deux masques seraient vendus. Siegmann acheta « Faucon » et préserva à la fois l’objet et l’histoire de ses origines. Parmi les autres projets de préservation de la mémoire dans la région de Sierra Leone et du Liberia, plusieurs sont


ïTribalPaginaIntera_layout
To see the actual publication please follow the link above