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Visions de la forêt 99 FIG. 10 (À GAUCHE) : Masque avec tissu couvrant. Dan ou Mano, Liberia. Première moitié du XXe siècle. Bois, fourrure animale, plumes de touraco bleu (Corythaeola cristata), coton et perles. H. : 22,9 cm (masque). Minneapolis Institute of Arts, don de William Siegmann, inv. 2011.70.1. Photo : Minneapolis Institute of Arts. FIG. 11 : Zon (vers 1900–1985), jeu ma kpon. Dan, Liberia (Nuopie). Deuxième moitié du XXe siècle. Bois. L. : 69,9 cm. Succession de William Siegmann, Brooklyn. Photo : Minneapolis Institute of Arts. FIG. 12 : Zon (ca 1900–1985), masquette ma go. Dan, Liberia (Nuopie). Deuxième moitié du XXe siècle. Bois. H. : 8,4 cm. Minneapolis Institute of Arts, don de William Siegmann, inv. 2011.70.14. Photo : MIA. deux marques de fabrique (fig. 11 et 12), bien qu’il ait également créé des masques de taille normale, des louches de cérémonie et des figures humaines et animales. La région forestière de Haute-Guinée est également le berceau de la sculpture historique sur pierre, dont certains exemplaires datent du XVe siècle. La plupart de ces têtes en stéatite et figures humaines ont été découvertes fortuitement par des fermiers, des puisatiers et des travailleurs dans les mines de diamant. Étant donné qu’aucune n’a été découverte lors de fouilles archéologiques, on ne sait que peu de choses sur la période et les raisons de leur création, ni même sur leurs auteurs. Deux vastes groupes stylistiques peuvent néanmoins être définis : d’une part on distingue les « styles côtiers » se trouvant en Sierra Leone, à moins de cent soixante kilomètres de l’océan Atlantique, dans des territoires peuplés de nos jours par les Mende et les Bullom du Sud. Ces groupes ignorent l’origine culturelle de ces sculptures, qui ont été attribuées aux peuples sapi susmentionnés (fig. 13). Les « styles de l’intérieur des terres » apparaissent vers le nord dans la région frontalière entre la Sierra Leone, la Guinée et le Liberia, abritant principalement les Kissi, dont les ancêtres sont supposés être les auteurs de ces sculptures (fig. 14). Les découvreurs les plus récents de ces figures en pierre considèrent qu’elles sont dotées de pouvoirs spirituels et qu’elles sont réutilisées dans divers contextes rituels. Préserver le passé, créer l’avenir Des individus et des organisations d’Afrique de l’Ouest et au-delà ont uni leurs efforts pour préserver l’histoire et la culture matérielle de la Sierra Leone et du Liberia au profit des prochaines générations. Collectivement, ces initiatives ont permis de faire progresser l’étude des arts de la région. L’une des personnes ayant le plus contribué à cela fut le regretté William (Bill) Siegmann (1943-2011), qui comprenait parfaitement la nature des interactions entre l’histoire et l’art de la région. Son dévouement envers l’Afrique – surtout l’Afrique de l’Ouest – s’est traduit dans son parcours professionnel dans le domaine muséal tant au Liberia qu’aux États-Unis, mais aussi sur le plan personnel, puisqu’il a noué des amitiés durables avec des Libériens, notamment avec sa famille libérienne d’adoption. Entre 1965 et 1987, Siegmann travailla en étroite collaboration avec deux musées du Liberia : l’Africana Museum du Cuttington University College à Suakoko et le National Museum of Liberia à Monrovia (fig. 1 et 20). Malheureusement, la majorité des oeuvres d’art de ces musées, que l’on doit en grande partie à Siegmann, fut pillée ou détruite durant la guerre civile. Résidant à maintes reprises au Liberia sur une période de plusieurs dizaines d’années, Siegmann se trouvait dans une position idéale pour observer l’impact immédiat des événements et les situer dans le contexte plus large de l’histoire, de la culture et de la tradition. Sa collection d’art personnelle – qui constitue le coeur de l’exposition abordée ici – reflète bien cette position avantageuse. Fort de sa connaissance encyclopédique des arts du Liberia et de Sierra Leone, Siegmann identifia et acquit des sculptures en pierre du XVe siècle et des masques en bois caractéristiques datant de la fin du XIXe siècle. Il s’intéressa également à des créations moins connues ainsi qu’aux oeuvres reflétant le changement social et le développement artistique. Ces objets nous permettent de mieux comprendre l’art de la région et, dans certains cas, montrent l’influence de la politique locale, de personnalités artistiques et d’autres facteurs liés à la création artistique. Ainsi, Visions from the Forests présente non seulement les traditions esthétiques majeures de la région, mais met aussi en lumière les contextes historiques qui ont vu naître ces objets. En 1986, Siegmann acquit un masque de la société Sande ainsi qu’une figure féminine mende en bois (fig. 4 et 15).


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