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50 EN BAS À GAUCHE : Enseigne de tatoueur. Îles Marquises. Fin du XIXe siècle. Bois léger et clair. H. : 87 cm. Musée du quai Branly, 71.1894.77.1. © musée du quai Branly, photo Patrick Gries, Bruno Descoings. CI-DESSOUS : Edmond Demaître, Tatouage « brodé » sur le dos d'une indigène. Vers 1930-1935. Tirage sur papier baryté monté sur carton. Edmond Demaître © musée du quai Branly. MUSÉE à la Une ment des images et des symboles tribaux peut aussi constituer un art en soi, ou tout au moins un « style ». L’exagération, l’outrance et peut-être un certain sens de la dérision sont les principales marques de ces réinterprétations esthétiques, dont les sources peuvent remonter fort loin. Le style Tiki, déclinaison d’une imagerie fantasmée des îles du Pacifique, en est un exemple flamboyant. Popularisé aux États-Unis dans les années 1950-1960, il tire ses origines des représentations véhiculées dès le XVIIIe siècle par les explorateurs et déclinées plus tard dans les romans, puis au cinéma et à la télévision. Adaptation très libre de l’art polynésien traditionnel, le style Tiki influença notamment la décoration des restaurants et des bars, insufflant un véritable art de vivre dans la société américaine de l’époque. À GAUCHE : Jake Verzosa, La dernière femme Kalinga tatouée. 2011. Collection de l’artiste. © Jake Verzosa. CI-DESSOUS : Mark Kopua, motif de tatouage sur un corps masculin créé sur moulage de silicone pour l’exposition. © musée du quai Branly, photo : Thomas Duval. TATOUEURS TATOUÉS Paris—Le tatouage est sans doute une des pratiques culturelles les mieux partagées sur la planète. Attesté dans de nombreuses civilisations et depuis des temps reculés, il n’en revêt pas pour autant une signification unique. Signe de bravoure et de sagesse ou au contraire de marginalité et de contestation, le tatouage définissait traditionnellement l’appartenance à un groupe. De nos jours, les tatoueurs revendiquent avant tout la dimension artistique de leur geste, tandis que les tatoués exhibent sur leur corps les éléments d’un véritable langage global. L’exposition du musée du quai Branly Tatoueurs tatoués (du 6 mai au 18 octobre) revient ainsi sur l’histoire de cet usage et en éclaire les évolutions les plus récentes, à travers une sélection de plus de trois cent oeuvres historiques et contemporaines provenant du monde entier. De nombreuses créations réalisées spécifiquement pour l’exposition seront présentées sur des supports hyperréalistes qui imitent fidèlement le corps humain, faisant ainsi la part belle aux créations des grands maîtres tatoueurs actuels. À l’affiche également du musée, une autre exposition au titre prometteur : Tiki pop, l’Amérique rêve son paradis polynésien (24 juin – 28 septembre). Avec plus de quatre cent cinquante oeuvres et documents témoins du développement d’un art populaire extravagant et pétillant, cette initiative est un exemple de plus des distorsions et interprétations erronées engendrées par le regard occidental sur l’art primitif. Anthropologues et historiens de l’art luttent quotidiennement contre ces déformations inévitables. Pourtant, poussé à son paroxysme, le détourne-


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