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77 une tresse en boucle, appartenait à Katherine White et fut légué au Seattle Art Museum, dans l’État de Washington.2 La fonction de ces masques demeure mystérieuse. Certains ont affirmé, à tort, que l’exemplaire du MIA ne possédait pas de trous permettant d’attacher un costume et par conséquent « n’avait jamais été utilisé dans un contexte authentique ». En réalité, il existe une rangée de petits trous tout autour du bord, cachée par la barbe et le contour du masque.3 Les années 1950, 1960 et 1970 virent la collection d’art africain s’accroître lentement ; elle recelait pourtant déjà des chefs-d’oeuvre, dont un récipient du XVIIIe siècle en forme de léopard provenant de la cour du Bénin, dans l’actuel Nigeria (fig. 3). Ce type d’aquamanile, utilisé par les rois lors des cérémonies de lavage des mains, était toujours fabriqué en deux exemplaires similaires. L’alter ego du récipient du MIA se trouve au Museum für Völkerkunde de Munich, en Allemagne. La paire, prise dans le palais de Bénin lors de l’Expédition punitive britannique de 1897, fut offerte à l’empereur Guillaume II par le consul E. Schmidt à la fin du XIXe siècle. L’empereur la donna ensuite à son médecin, le docteur Gerhard Mertz de Berlin, et le musée de Munich l’acheta en 1952 au marchand Ludwig Bretschneider. En 1957, le directeur du musée décida de déclasser l’un des deux récipients, qui fut acquis par le MIA l’année suivante auprès du marchand suisse Ernst E. Kofler.4 FIG. 5 (CI-DESSUS) : Tunique talismanique. Anufo, Togo. Vers 1900. Coton et encre. H. : 103,5 cm. Don de Thomas Murray en mémoire de Roger Hollander, MIA 2013.57. FIG. 6 (CI-DESSOUS) : Peigne. Swahili, Tanzanie. Vers 1800. Ivoire et or. H. : 12,5 cm. The Mary Ruth Weisel Endowment for Africa, Oceania, and the Americas, MIA 2012.67. . En 1974, un département vit le jour au MIA afin de prendre soin des collections d’art africain, océanien et amérindien (les collections océanienne et amérindienne ont récemment fait l’objet d’un article dans ce magazine).5 Le nom du département fut modifié en 2010 et devint « Arts d’Afrique et des Amériques ». Le département AAA comprend actuellement environ deux mille cinq cents objets issus d’Afrique. Après la réorganisation du département des textiles du MIA en 2008, ses collections, abritant environ cinq cents textiles africains, furent réparties dans les départements appropriés. Le rythme des acquisitions d’art africain s’accéléra au cours des dernières décennies du XXe siècle, surtout après la nomination en 1988 du nouveau directeur du musée, Evan Maurer, qui remplit cette fonction jusqu’à sa retraite en 2005. Son expertise en matière de surréalisme européen l’avait amené à découvrir et apprécier l’art amérindien et, par la suite, l’art africain. Ces dernières années, la collection d’art africain s’est ouverte à des régions précédemment sous-représentées, ce qui a coïncidé en partie avec la mutation démographique des Twin Cities, qui abritent de larges communautés somaliennes, éthiopiennes et libériennes. On note tout d’abord un grand intérêt pour les arts visuels d’Afrique de l’Est, en particulier de la corne de l’Afrique. L’art chrétien éthiopien développa son


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