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71 FIG. 22 : Figure féminine nkpasopi. Ébrié, Côte d’Ivoire. XIXe siècle. Attribuée au maître des volumes arrondis. Museum Rietberg, Zurich. Ex. Coll. Comte Guy d’Arsy, avant 1917, puis Han Coray, en 1928. © Museum Rietberg Zurich, photo : Rainer Wolfsberger. Maîtres africains résultats, discrets. C’est pourquoi nous avons étendu le propos, dans cette exposition, à des régions voisines. Mains de maîtres présente ainsi le résultat des travaux scientifiques de Daniela Bognolo, qui s’est particulièrement intéressée à l’histoire des différents groupes lobi. Elle s’est notamment attelée à associer des corpus d’oeuvres à ce tissu ethnique très dispersé et à proposer des attributions à des sculpteurs précis ayant exercé dans la région et étant à l’origine – pour les meilleurs – de créations reconnaissables à des caractéristiques de style particulières (fig. 13 et 14). En ce qui me concerne, je me suis penché sur la production sénoufo et plus particulièrement sur l’une des plus belles sculptures africaines du Museum Rietberg : une pièce deble. J’en ai revu la provenance en examinant les notes de marchands ainsi que les informations disponibles sur son contexte de collecte à une époque de conflits religieux, et j’ai émis l’hypothèse d’une attribution à un maître autrefois actif dans le village de Lataha, en raison de la finesse de son style. D’autres sculptures stylistiquement très proches de ce fameux deble m’ont conduit à imaginer l’existence d’un deuxième maître de Lataha, beaucoup plus jeune que celui dont il vient d’être question. Je me suis attaché ensuite à opposer ces deux pièces à celles de trois autres ateliers sénoufo (fig. 17-19). Pour en revenir à la Côte d’Ivoire, privilégiant des recherches d’archives sur les provenances, puisées loin du terrain dans des sources diverses – musées, bibliothèques, documents de marchands –, Bernard de Grunne a constitué des groupes de masques et de sculptures baoulé – les oeuvres les plus impressionnantes à nos yeux – d’après leurs ressemblances. Ces ensembles ont été associés à sept maîtres. L’étude effectuée par Monica Blackmun Visonà des créations des peuples dits lagunaires du Sud-Est – une région particulièrement riche d’un point de vue culturel – s’est déroulée d’une toute autre façon. Après avoir documenté la fonction d’un vaste ensemble de sculptures de styles divers bien que de tailles et de formes relativement homogènes, elle s’est livrée à un travail approfondi d’inventaire des collections muséales. Visonà a ainsi pu réaliser des regroupements et distinguer des créateurs individuels grâce à des détails récurrents dont elle s’est servie pour les désigner. Les tendances artistiques actuelles d’Afrique occidentale, représentées en l’occurrence par les trois artistes ivoiriens reconnus internationalement dont il a été question plus haut, ne sont pas en reste dans Mains de maîtres. Monica Blackmun Visonà les a brillamment rattachées à la création traditionnelle en affirmant dans le catalogue : « Au premier regard, les oeuvres des trois artistes présentés ici semblent être radicalement différentes, à la fois en termes de forme et de sujet, de celles des "vieux maîtres". » À ce jour, en effet, peu d’oeuvres d’artistes contemporains ont été exposées aux


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