Page 52

CoverT71_FR.qxd_CoverF Vuvi

MUSÉE à la Une LA FIGURE DONNANT LA VIE DU DUMBARTON OAKS Washington, D.C.—Une figure aztèque donnant la vie du Dumbarton Oaks suscite la fascination et la controverse depuis plus d’un siècle. Considérée par les uns comme un chef-d’oeuvre, dénigrée et perçue comme un faux par les autres, elle a inspiré des générations d’artistes, de Man Ray à Diego Rivera, en passant par Eduardo Paolozzi et Steven Spielberg (l’idole en or dans Indiana Jones et les aventuriers 50 de l’arche perdue en était une interprétation). Il s’agit d’une sculpture qui représente une femme en train d’accoucher, souvent identifiée comme la divinité Tlazolteotl, un nom dénué de genre signifiant « divinité des immondices », et censée manger les saletés, purifier et recueillir les confessions. Les informateurs la décrivent comme celle qui entraîne les humains dans le péché, mais les en délivre aussi. Ils parlent également de son autre identité, Ixcuina, déesse du tissage « à quatre faces ». Comme Tlazolteotl-Ixcuina, elle était « Divinité des immondices et Dame du coton », associée au filage et au tissage ainsi qu’à la fertilité. Elle jouait un rôle de déesse de la fertilité à très grande échelle, mais pas de patronnesse de l’accouchement. Cette petite sculpture fascinante est l’une des pièces les plus célèbres de la collection de Mildred et Robert Bliss, les premiers donateurs du Dumbarton Oaks, et se trouve actuellement au coeur d’une petite exposition intitulée The Dumbarton Oaks Birthing Figure, visible jusqu’au 2 mars 2014. Bien qu’elle ait été estimée en tant qu’icône de la fertilité, d’aucuns ont remis en cause l’authenticité de l’objet et des études récentes indiquent qu’il pourrait s’agir d’une création du XIXe siècle réalisée dans un style aztèque. Malgré la controverse, l’objet a acquis une identité culturelle, transcendant les questions de validité et s’érigeant comme une représentation rare et emblématique de la puissance et la douleur de l’accouchement. L’exposition actuelle laisse de côté l’éventuelle nature antique de la figure et se focalise davantage sur l’influence qu’elle exerça sur l’art et la pensée en Occident durant le siècle dernier. Cette exposition fait partie d’un programme d’expositions et d’événements d’une durée d’un an, dans le but de célébrer les Cinquante ans d’art précolombien au Dumbarton Oaks. « DÉCOUVERTE D’UNE NOUVELLE CONTRÉE » Chapel Hill—« The New Found Land »: Engravings by Theodor de Bry from the Collection of Michael N. Joyner, visible au Ackland Art Museum de l’université de Caroline du Nord à Chapel Hill jusqu’au 13 avril 2014, est consacrée aux estampes que le graveur franco-flamand Théodore de Bry (1528-1598) réalisa pour l’édition de 1590 de A Briefe and True Report of the New Found Land of Virginia de Thomas Harriot. Les images de de Bry (d’après les aquarelles du colon John White) et le texte écrit par Harriot offrent un compte-rendu détaillé de l’apparence et des coutumes des indigènes d’Amérique rencontrés en 1585 par les colons britanniques sur l’île de Roanoke, au large de ce qui constitue aujourd’hui la Caroline du Nord. Publié en quatre langues et largement diffusé, le livre et ses illustrations façonnèrent les premières – et durables – impressions des Européens sur les indigènes d’Amérique. Outre les illustrations réalisées pour le livre d’Harriot, l’exposition comprend des portraits, cartes et autres documents de cet « Âge de l’exploration », voici quatre cents ans, ainsi qu’une sélection d’artefacts issus de sociétés proches de celles rencontrées par les colons britanniques en termes d’époque, de lieu ou de mode de vie. Theodor de Bry, Franco- Flamand (1528-1598), graveur ; John White, Anglais (vers 1593–1606), actif en Amérique, vers 1540, dessinateur, An aged Man in his Winter Garment (à droite) et A Weroan, or great Lord of Virginia (en bas). Planches 9 et 3. Thomas Harriot’s A Brief and True Report of the New Found Land of Virginia, publié en 1590. Gravure colorée ultérieurement à la main. CI-DESSUS : Figure donnant la vie. Style aztèque, fin de l’ère postclassique. XIXe siècle ? Aplite. H. : 20,3 cm. Dumbarton Oaks Collection. PC.B.071.


CoverT71_FR.qxd_CoverF Vuvi
To see the actual publication please follow the link above