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PORTFOLIO afin qu’ils créent des images permettant d’étudier le symbolisme 148 des kachinas. Il leur fournit tout le matériel et leur laissa une totale liberté d’exécution. Fewkes nota les noms des êtres représentés sous chaque dessin achevé et montra ensuite ces derniers à d’autres Hopi, qui les identifièrent sans hésiter. Il appliqua cette méthode de vérification à maintes reprises, ce qui permit de valider les informations. Pour ce projet, Fewkes choisit d’abord Kutcahonauû, ou Ours blanc, alors âgé d’une trentaine d’années. Il fit appel aussi à l’oncle de ce dernier, Homovi, réputé pour ses grands talents de dessinateur, ainsi qu’à un homme appelé Winuta (Fewkes 1899 : 13-14). Fewkes ne nomme pas d’autres artistes, et n’attribue pas non plus chaque peinture à un artiste. Une analyse de ce travail suggère qu’outre les trois artistes mentionnés, d’autres pourraient y avoir participé, peut-être six, mais leur identité n’a pas été consignée. La plupart des artistes accordèrent une attention particulière aux têtes. La taille de la tête est démesurée par rapport au corps, mais permet d’illustrer clairement les symboles caractéristiques qui s’y trouvent. Les mêmes symboles apparaissent sur les masques de danse ou les casques qui évoquent les esprits en question. Le rendu de certains détails iconographiques révèle des différences de style entre les artistes impliqués. Fewkes publia les dessins sous forme de plaques lithographiques accompagnées d’un texte descriptif dans le vingt et unième rapport annuel du Bureau of American Ethnology en 1903. Avec près de trois cents dessins, les artistes hopi collaborant avec Fewkes ont contribué à la compréhension et la mémoire d’un groupe important de kachinas. Ils ont mis en lumière un aspect fascinant et profondément important de la religion et de la culture des Hopi : le sacré ne peut se révéler que par l’intermédiaire d’un phénomène matériel, tandis que le spirituel proprement dit demeure invisible. BIBLIOGRAPHIE Colton, Harold S. 1959 : Hopi Kachina Dolls, with a Key to their Identification. University of New Mexico Press, Albuquerque. Dorsey, George A. et H. R. Voth. 1901 : « The Oraibi Soyal Ceremony ». Field Columbian Publication 55, Anthropological Series Vol. III, no 1. ———1902 : « The Mishongnovi Ceremonies of the Snake and Antelope Fraternities ». Field Columbian Publication 66, Anthropological Series Vol. III, no 5. Fewkes, Jesse Walter. 1899–1900 : « Hopi Katcinas, Drawn by Native Artists ». Twenty-first Annual Report of the Bureau of American Ethnology, Washington, DC 1903. Hough, Walter 1932 : « Biographical Memoir of Jesse Walter Fewkes, 1850-1930 ». National Academy of Sciences Biographical Memoirs, Vol. XV, Ninth Memoir. Washington, DC. Tyler, Hamilton A. 1991 : Pueblo Birds & Myths. Northland Press, Flagstaff, AZ. Waters, Frank 1950: Masked Gods: Navaho and Pueblo Ceremonialism. The Swallow Press, Chicago. ———1963 : Book of the Hopi. Viking Press, New York. FIG. 13 et 14 : Powamû (kachina de la danse du haricot). Le dernier jour de la cérémonie du Powamû, ou danse du haricot, des hommes non masqués appelés kachina Powamû apparaissent portant des fleurs artificielles dans les cheveux (Fewkes 1899 : 84- 85, XXII ; cf. Dorsey et Voth 1901 : 46-47). Mais lors des cérémonies sur la place, ces danseurs portent des masques faciaux rouges ornés de traits obliques sur les joues. Ils apparaissent en groupes et sont les acteurs les plus importants du Powamû (Fewkes 1899 : 67, IV ; Colton 1959 : 30). La peinture rouge sur le corps, avec les épaules en jaune et vert, provient d’un style ancien, quelque peu similaire au kachina du soleil. Powamû est l’un des seuls personnages à avoir été représenté par plusieurs artistes. Reproduction photo par Scott McCue.


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