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134 Par Alex Arthur PERSONNALITÉ Le choc de « l’Ancien » et la passion de George Lois FIG. 1 (À GAUCHE) : George Lois et Rosemary Lewandowski-Lois avec leur remarquable uli de Nouvelle- Irlande exposé actuellement au Metropolitan Museum of Art de New York. Photo : couverture d’Art & Antiques, mars 1993. FIG. 2 (CI-DESSUS) : George Lois et Mohamed Ali. Photo : David Turnley pour Vanity Fair, 2003. FIG. 3 (À DROITE) : Projet de couverture pour Tribal Art magazine imaginée par George Lois. Tribal Art Magazine : Vous travaillez dans la publicité comme directeur artistique, designer et auteur depuis les années 1950, une époque révolutionnaire en matière de développement des communications et de sensibilisation à la culture américaine. C’est aussi à cette période que l’art africain a atteint de nouveaux sommets de popularité auprès des collectionneurs américains. Pouvez-vous nous parler de votre intérêt pour cet art ? George Lois : En 1945, j’avais quatorze ans et j’étais étudiant à la High School of Music & Art (fondée par le maire Fiorello LaGuardia en 1936 et le plus grand centre de formation depuis le temps où Alexandre s’asseyait aux pieds d’Aristote). Pendant une semaine, nous avons suivi un enseignement en histoire de l’art consacré à l’art primitif et son influence déterminante sur les artistes d’avantgarde. Ce cours prenait comme point de départ l’Armory Show de 1913 – où furent présentées des pièces d’art africain en regard avec des oeuvres de Picasso, Brancusi et Picabia – ainsi qu’un diaporama de photographies emblématiques de 1915 d’Alfred Stieglitz prises à la Galerie 291. Mes savants professeurs à la M&A considéraient l’art africain comme une influence active et constante de la modernité. J’ai été alors profondément impressionné par l’art des Fang, des Bakota, des Luba et des Dogon. Mes dessins en ont subi l’influence pratiquement autant que ceux d’Elie Nadleman, et je suis devenu dès cet instant un fervent disciple de la puissance, la forme et l’éthos de l’art tribal. En 1958, à l’âge de vingt-sept ans, j’ai eu une véritable révélation quand j’ai aperçu l’ouvrage fraîchement publié The Sculpture of Africa, conçu par Bernard Quint, directeur artistique du magazine Life, avec un texte de William Fagg et quatre cent huit photographies en noir et blanc d’une puissance indéniable prises par Eliot Elisofon ; le tout merveilleusement imprimé et publié par Praeger. En une fraction de seconde – selon les standards new-yorkais – j’ai su que l’art africain prendrai une place importante dans ma vie. En évoquant ce livre, une anecdote me revient à l’esprit : mon exemplaire fut emprunté en 1969 par le directeur de l’époque du Metropolitan Museum of Art, Thomas Hoving, qui souhaitait l’étudier avant sa rencontre avec Nelson Rockefeller lors de l’acquisition de sa collection spectaculaire d’art primitif conservée alors au Rockefeller’s Museum of Primitive Art, en face du MoMA. T. A. M. : Comment avez-vous choisi les pièces qui composent votre collection ? Étiez-vous guidé ou influencé par d’autres collectionneurs ou par des marchands ? G. L. : Après avoir acheté un masque lega, un masque goli baoulé, un masque antilope mossi, puis un bouclier asmat à la Carlebach (la galerie incontournable pour les surréalistes dans les années 1930 et 1940), je suis tombé sur une merveilleuse galerie juste à côté de Parke Bernet sur la Madison Avenue, gérée par J.J. Klejman, un Polonais émigré en Amérique. Ce dernier, dont l’épouse était tout George Lois est mondialement connu comme un « gourou » de la publicité et un pionnier en matière de communication. Ceci lui a valu de multiples honneurs pour sa longue et remarquable carrière, en particulier lors d’une exposition en 2008 au Museum for Modern Art à New York, consacrée à trente-deux couvertures qu’il réalisa pour le magazine Esquire dans les années 1960 et 1970. Octogénaire, George est toujours en activité. Il est abonné à ce magazine depuis le premier numéro, paru il y a déjà vingt ans. Nous l’avons rencontré pour qu’il nous parle de sa passion pour l’art.


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