Page 130

CoverT71_FR.qxd_CoverF Vuvi

FIG. 7 : Type de coiffure cornue luba de la région du lac Boya. Dessin de W. F. P. Burton, entre 1915 et 1930. Musée royal de l’Afrique centrale, Tervuren, EA.2007.3.1-33. © Musée royal de l’Afrique centrale. 128 tresses et ce n’est pas la présence de motifs incisés qui contredira cette hypothèse (fig. 13). Ces motifs font moins penser à des ornements capillaires qu’aux décors qui ornent les rhytons en cornes de bovidés qu’utilisaient différents groupes culturels congolais tels que les Luluwa ou les Kuba. Une chose reste cependant certaine : si l’hypothèse des cornes véritables est retenue, elle entraîne fatalement une question subsidiaire, celle de l’identification zoologique. Buffle ou bélier ? Certains africanistes qui étudièrent le masque de la figure 1 et qui tentèrent de se livrer à une approche iconographique du masque interprétèrent ses cornes comme étant celles d’un bélier (Ovis aries), d’autres en revanche crurent y discerner celles d’un buffle (Syncerus caffer). Puisque l’on a ici affaire à l’un des éléments les plus importants de ce masque, nous allons tenter de voir quels éléments peuvent être mis en avant pour la défense de chacune des deux opinions. En ce qui concerne le rattachement au bélier, l’aspect très incurvé des cornes évoque immanquablement l’anatomie d’un ovin (fig. 14). Par ailleurs, l’ethnographie fournit également matière à cette interprétation. En effet, on sait grâce aux travaux de C. Petridis (2005) qu’il existe en territoire luntu des masques-heaumes à faciès humanisé doté de cornes, les chikwanga (fig. 15), qui entretiennent de manière certaine un lien iconique avec le bélier.5 On comprendra dès lors aisément comment cet animal a pu devenir un sérieux concurrent pour ce qui est de l’analyse du masque de Tervuren. HISTOIRE d’objet FIG. 8 (CI-DESSUS) : Masque-heaume à tresses cornues. Bena-Mballa, R. D. Congo. Bois. H. : 48 cm. Seattle Art Museum (SAM), 81.17.868. Don de K. White & The Boeing Company. © Seattle Art Museum. pas tout à fait l’idée des cornes, mais réfutent une interprétation trop sommaire. Pour eux, il ne s’agit pas de cornes mais bien d’évocation de cornes. Cependant, dans le cas de l’exemplaire de la figure 1, cette explication ne saurait totalement convaincre. Pour développer cette hypothèse, il importe tout d’abord de préciser que le masque de Tervuren n’est pas le seul à présenter de telles protubérances. On les retrouve sur des masques dits Bena-Mballa4 (fig. 8), sur des ivoires de style songye (fig. 9), sur des coupes céphalomorphes luba occidentales ou kanyok (fig. 10) et même sur des sculptures montrant une forte influence stylistique hemba (fig. 12). Cependant, le traitement plastique de ces excroissances sur les pièces précitées est fort différent de celui des cornes du masque de la figure 1. Avec ces oeuvres, les artistes ne laissent planer aucun doute quant à la nature des protubérances. Par leur finesse et leurs incisions savamment disposées elles sont traitées comme une coiffure stylisée ; elles ne présentent pas l’aspect rude et puissant de cornes véritables ; elles sont trop « civilisées » pour cela. Il n’en va pas de même pour le masque de la figure 1 dont le visage semble davantage encadré par de robustes cornes que par des


CoverT71_FR.qxd_CoverF Vuvi
To see the actual publication please follow the link above