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Beran (1988 : 38 et fig. 36) décrit la sculpture sur la spatule illustrée en figure 2 comme représentant peut-être « un animal ou une créature mythique ». En 2011, Aldridge montra des photos des spatules des figures 1 à 9 à Senapili, ancien du village de Siasiada dans la vallée de Buhutu, et lui demanda de quel animal il s’agissait. Senapili fut catégorique : les sculptures ne représentaient pas un animal, mais plutôt : « Quelqu’un capable 122 de sorcellerie ». Senapili expliqua également que les spatules étaient des « gardiens de maison » et que le propriétaire d’un tel bâton à chaux lui conférait des pouvoirs magiques et le laissait dans un récipient à chaux sur la terrasse. Il ajouta que lorsqu’un autre sorcier apercevait le bâton, il en déduisait que la maison était ensorcelée et s’en éloignait. Les déclarations de Senapili attribuant à ces spatules une fonction protectrice sont étayées par les vendeurs des spatules des figures 3 à 5, selon lesquels elles avaient été utilisées pour garder des maisons. Il est assez tentant d’avancer que la spatule mentionnée dans l’histoire de Jerricho (voir plus haut) et qui avait tué les enfants avait également été utilisée pour garder la maison, mais s’était retournée contre ceux qu’elle était censée protéger. Une figure-piquet Dans de nombreuses régions de l’aire massim, on utilise des filets afin d’attraper des cochons sauvages. Les côtés du filet sont généralement attachés à des arbres ou des buissons de part et d’autre d’un sentier où le cochon est susceptible de passer. Abel Abel, qui collecta le piquet surmonté d’un personnage sculpté de la figure 10 dans le village de Wagahuhu sur la côte nord de la province de Baie Milne, apprit qu’il servait à fixer ces filets dans le sol. Quand Aldridge interrogea le vendeur en 2011, celui-ci lui expliqua que l’objet faisait partie d’une paire utilisée à cette fin et que la seconde pièce avait été perdue. Aldridge apprit également que ces figures-piquets étaient utilisées après que leur propriétaire eut jeûné et conféré des pouvoirs magiques aux figures, ce qui attirerait un cochon dans le filet. La figure-piquet de la figure 10 est jusqu’à présent la première du genre à être répertoriée. Nous savons qu’à Wagahuhu, le bas du filet est fixé dans le sol des deux côtés par des piquets, mais nous ignorons comment le haut du filet est attaché. À Gawa, dans les îles Marshall Bennett, et à Kitava, dans l’archipel Trobriand, la partie supérieure du filet est maintenue en place des deux côtés par des crochets semblables à ceux illustrés dans Meyer (1995, fig. 148) et Hamson et Aldridge (2009, fig. 92 et 93), mais nous ne disposons d’aucune information quant à la façon dont le bas du filet est fixé. Dans tous les cas, il est clair que tous les coins du filet doivent être attachés d’une manière ou d’une autre afin d’empêcher le cochon de passer à travers. Les crochets et les piquets ne sont pas les seuls moyens de fixer les filets à cochon. Dans la province voisine d’Oro, les cochons sauvages sont également piégés à l’aide de grands filets, mais ces filets sont maintenus par plusieurs poteaux composés de simples morceaux de bois (Williams 1930 : 45–6 et Chignell 1911, opp. p. 342). DOSSIER Carte de la région sud-ouest de l’aire massim, indiquant les endroits où furent collectées les sculptures examinées dans le présent article, ainsi que d’autres points d’intérêt. Polaris Cartography, d’après un original de Richard Aldridge. (www.polariscartography.com).


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