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MASQUES PWO définition de la sculpture (comme la profondeur des joues) de typiques chez la plupart des sculpteurs, étant donné que certains d’entre eux consacrent des décennies à réinterpréter les mêmes caractéristiques anatomiques du visage. Les deux masques correspondent aux descriptions documentées des akishi sculptés par des artistes stimulés par les attraits de femmes bien spécifiques : « … l’artiste est inspiré par l’apparence d’une femme admirée pour sa beauté. » Le sculpteur « observe longuement son modèle, souvent pendant plusieurs jours, suffisamment longtemps pour qu’il soit capable de mémoriser son visage » (Bastin 1982 : 90). Ce qui les rend en partie efficaces en tant qu’oeuvres d’art, c’est que même s’ils investissent le monde de l’art du portrait, ils conservent les éléments de base d’un style tshokwe. Les éléments d’inspiration artistique cités ci-dessus (les femmes réelles) conduisent au personnage, Pwo, souvent identifié comme la « belle femme ». En finalisant ces observations sur les tendances stylistiques Pwo, je ne peux pas m’empêcher de penser aux relations hommes-femmes et au fait que, dans une large mesure, les hommes tshokwe perçoivent les femmes dans différents contextes avec un certain degré de « déférence » et d’« appréhension ». Les femmes tshokwe sont considérées comme étant dotées de pouvoirs spirituels et de dons surnaturels bien supérieurs à ceux des hommes. D’après un livre rédigé sur le thème de « la femme Lunda-Tshokwe » (de Sousa 1971), une femme tshokwe inspire un amour qui n’a d’égal que la crainte qu’elle suscite. Elle est aimée pour sa capacité à donner la vie et assurer la subsistance, et crainte en raison de ses pouvoirs de « sorcière ». L’auteur parle aussi des relations entre époux, mentionnant comment une femme peut insulter publiquement et copieusement son mari s’il est infidèle ou tarde à exécuter ses tâches. Le fait que le danseur Pwo soit un homme « imitant » une femme est significatif. J’ai été témoin de la peur d’un danseur qui allait se produire pour la première fois en public dans l’aire de danse, effrayé à l’idée d’être « chassé hors du village » par les femmes si ses danses ne répondaient pas à leurs attentes. Pwo pourrait dès lors représenter davantage qu’une simple incarnation d’une belle ancêtre. Je considère que les particularités du travail de tout sculpteur sur le canon stylistique tshokwe appliqué aux masques renferment également quelques-unes de ces notions liées au sexe, qui seront scrutées dans une aire de danse. Ainsi, le canon Pwo mêle les idéaux d’une femme accomplie et épanouie avec, dans les yeux des hommes, des éléments d’appréhension et de respect envers les pouvoirs des femmes. Ils sont interprétés au moyen d’un riche vocabulaire artistique qui apporte également des aspects de spiritualité tout aussi importants dans un style indéniablement tshokwe.8 117


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