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DOSSIER 112 FIG. 9 : Masque Pwo en résine en train de danser. Zambie, 1991. Photo : Manuel Jordán. n’y retrouve pas la notation des yeux plissés, ni d’autres éléments propres au canon stylistique tshokwe. Sur le masque illustré, les yeux et la bouche (et probablement le nez) semblent être grands ouverts ; en regardant à travers, il était sans doute possible de voir et d’identifier la personne derrière le masque. Cette façon de faire ne sera pas privilégiée par la suite. Bien que les illustrations ne puissent pas toujours être tenues pour des documents factuels, force est de constater que quelques autres illustrations anciennes représentant des akishi dévoilent une partie plus grande encore des visages des danseurs.5 Les deux courants stylistiques de sculpture, à savoir le naturalisme stylisé pour les figures de chefs, etc., et une approche plus géométrique des formes hamba semblent constituer deux tendances ayant influencé le développement des styles de sculpture des masques Pwo. En effet, ceux-ci présentent des stylisations variées, en partie pour une question de goût (personnel ou régional), mais aussi en fonction de leurs sculpteurs. En menant des recherches de terrain, j’ai travaillé avec au moins deux devins qui sculptaient des figurines pour leur matériel de divination, mais aussi des amulettes figuratives miniatures pour leurs clients et des figures ancestrales de plus grande taille, et toutes suivaient généralement la méthode géométrique / stylisée hamba. Les deux devins sculptaient également des masques Pwo pour les rites d’initiation mukanda. L’un d’eux me montra deux masques relativement similaires qu’il avait sculptés à des époques différentes. Ces deux masques partageaient plus de points communs avec les figures hamba qu’il avait sculptées, surtout sur le plan des traits du visage, qu’avec d’autres masques observés sur le terrain, créés par d’autres sculpteurs de la région. Ceci soulève un point important : pour comprendre la « main » d’un sculpteur ou son choix d’utiliser des éléments respectant un certain canon pour créer ses masques, il est important de prendre en compte d’autres formes d’art plutôt que de se fier à l’approche typique qui consiste à comparer des masques entre eux. Souvent, les choix esthétiques dictant la manière de sculpter un masque se retrouvent de façon plus éloquente dans d’autres types d’objets (fig. 10 et 11).6 Pwo, comme d’autres masques tshokwe, fut reconnu comme une forme de « l’art populaire » à la même époque à la fin du XIXe siècle, lorsque les arts royaux atteignirent leur apogée, et au début du XXe siècle. La plupart des masques figurant aujourd’hui dans les collections privées et muséales datent de cette période. Une ancienne illustration publiée par l’explorateur portugais Henrique Carvalho (1890 : 245) montre le masque Pwo dans son ensemble (fig. 13). Néanmoins, en tout cas dans cette illustration, les caractéristiques stylistiques faciales tshokwe sur le masque ne semblent pas complètement développées. En effet, l’on FIG. 8 : Masque Pwo en résine fait par Charles Chitofu, Tshokwe-Lunda, Zambie. Résine, textile et papier. Collection privée.


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