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Parmi les centaines de masques akishi (mukishi, 108 au singulier) créés par les Tshokwe et les peuples apparentés d’Angola, de la R. D. Congo et de Zambie, celui qui représente Pwo (fig. 1), ancêtre féminin de la plus haute importance, demeure l’un des plus populaires et accessibles. Aussi est-il dansé encore aujourd’hui aux quatre coins de ce territoire.1 Fabriqué et porté par les hommes lors des rites de passage à l’âge adulte (mukanda) des jeunes garçons, Pwo fait office de messager symbolique pour les femmes, en particulier les mères des initiés à qui le masque rend hommage. Pwo représente la beauté, la moralité et les aptitudes associées aux femmes. (fig. 2). Sa danse imite des pas que les femmes apprennent lors de leurs rites d’initiation. Le danseur porte des grelots aux chevilles afin d’accentuer les mouvements complexes exécutés (fig. 3). Pwo est un type de masque que tout le monde peut voir. Il est utilisé pour le plaisir et la fierté du village qui organise le mukanda. Par Manuel Jordán Les hommes qui portent Pwo sont vêtus d’un costume couvrant tout le corps tricoté en fibre et coton, et portent des textiles et une jupe nouée autour de la taille, qui rappellent la tenue des femmes élégantes (fig. 3 et 4). Les masques en bois ont souvent des motifs complexes de scarifications faciales, incisés ou sculptés en bas-relief (fig. 1, 5 à 7). Les Pwo peuvent aussi être créés en résine, avec des marques de scarification et d’autres détails peints ou notés sur des bandelettes de papier appliquées (fig. 8 et 9). Une grande importance est accordée au rendu des coiffures en fibre, imitant celles qu’affectionnent les femmes. Sur certains masques en bois, les coiffures sont partiellement ou entièrement sculptées et se prolongent au-dessus du front, munies de détails texturés destinés à reproduire les cheveux tressés, enduits de boue et d’autres styles de coiffures ou de perruques. (fig. 1, 5 à 7). Des perles, des pièces de monnaie et des boucles d’oreilles en métal agrémentent souvent les masques pour symboliser l’élégance et la richesse de l’ancêtre féminin. Les masques Pwo en bois respectent les conventions stylistiques de la sculpture tshokwe : Sur les masques en bois, les yeux sont habituellement ovales ou en amande et généralement mi-clos. Les paupières enflées sont prolongées vers le centre des orbites concaves. Parfois, les yeux sont globuleux et pourvus de fentes horizontales. Le front possède de temps à autre un bandeau sculpté. Les oreilles sont pratiquement toujours incurvées ou encore semi-circulaires, laissant apparaître le tragus… Le masque doit être sculpté conformément aux canons traditionnels et reflète le concept collectif des esprits ancestraux. » (Bastin 1982 : 90) Concernant le canon stylistique, l’on peut ajouter une bouche souvent large, ovale et partiellement ouverte, sculptée de manière à montrer des dents triangulaires pointues FIG. 1 : Masque Pwo. Tshokwe, région de Xassenge, Angola. Début du XXe siècle. Bois, fibres, métal, coquillage et pigments. H. : 25,4 cm. The University of Iowa Museum of Art, Stanley Collection, 1986.545. FIG. 2 : Femme tshokwe portant une coiffure traditionnelle. Photo du Dr Émile Muller. Vers 1930. Extrait de Pierre Loos, A Passage to Congo: Photographs by Doctor Émile Muller (1923–1938), Milan : 5 Continents, 2007. DOSSIER Masques Pwo des Tshokwe : OBSERVATION STYLISTIQUE


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