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MUSÉE à la Une 104 FIG. 22 : Défense sculptée. Babanki-Tungo (ou royaume de Kedjom-Kitingu), Cameroun. Milieu du XXe siècle. Ivoire. L. : 89,2 cm. Neuberger Museum of Art, Purchase College, State University of New York, inv. 1999.06.36. Don de Lawrence Gussman en mémoire du Dr Albert Schweitzer. Photo : Jim Frank. Parmi les deux autres objets de NMA nécessitant une analyse approfondie, il est une figure dan dont la coiffe et les scarifications ont été sculptées minutieusement dans un style rappelant le travail du grand-maître sculpteur Zlan. Le corps présente des traces d’usure, ce qui ne manque pas d’être surprenant pour un portrait de commande qui était conservé à l’intérieur et sorti uniquement en guise de symbole de prestige. Cette usure contrastant avec la patine foncée et brillante habituelle sur ce genre d’objet demeure jusqu’ici inexpliquée, sans que cela ne remette en question pour autant l’importance de l’oeuvre. Enfin, il convient de s’attarder également sur une défense en ivoire pour laquelle les informations d’archives sont très succintes. En effet, la seule donnée disponible était une origine « Cameroun ». Ceci étant, Christraud Geary, éminente spécialiste des Grassfields du Cameroun est parvenue à préciser davantage son attribution. L’analyse des motifs décoratifs, évoquant la vision du monde partagée par les peuples des Grassfields, et leur style d’exécution en bas-relief a permis de rattacher l’oeuvre au royaume de Babanki, l’un des plus importants centres de sculpture d’ivoire dans la région nord-ouest du Cameroun.26 Nouvelles acquisitions : des objets surprenants Des pièces récemment acquises sont venues compléter et accroître ce noyau de la collection d’art africain du NMA. Parmi elles se trouvent deux sculptures de l’ancien Soudan occidental – qui comprend le Mali et la Côte d’Ivoire –, deux textiles venant du Nigeria et de la R. D. Congo et une hache cérémonielle sculptée de main de maître au Nigeria. Les sculptures du Soudan occidental – un personnage sénoufo (fig. 24) et un volet dogon (fig. 25) – furent essentiellement acquises pour combler une lacune importante du NMA, jusqu’alors pauvre en oeuvres figuratives de cette région. La figure sénoufo répond au masque-heaume animal figurant déjà dans la collection par le fait que tous deux étaient utilisés par les membres de la société du Poro. Cette sculpture fut l’un des piliers de l’exposition de 2008, Constellations: Studies in African Art. Dans le catalogue publié à l’occasion, l’historienne de l’art Anita Glaize affirme qu’il s’agit là, sans aucun doute, d’une création d’un grand maître forgeron, combinant des plans verticaux pour le rendu du cou et du torse avec d’autres arrondis au niveau du fessier. Cette sculpture est unique dans son iconographie, son symbolisme et sa fonction.27 En ce qui concerne la porte dogon, elle vient également remplir un vide tout en offrant un contrepoint à un autre élément architectural : le poteau tsogho dont il a été question précédemment. Caractérisées par une forte stylisation tendant à l’abstraction et des lignes verticales, aussi bien la figure sénoufo que la porte dogon sont représentatives de l’art du Soudan occidental. Leur matière dense et leur surface érodée en raison d’une exposition à l’air libre leur confèrent un aspect archaïque.28 Dans un autre registre, et afin d’aborder l’importance des textiles au sein des cultures africaines, deux textiles très différents dans leurs taille, technique de production et usages ont été acquis. L’un est un costume de mascarade egungun yoruba (fig. 28) composé de nombreuses couches de tissus aux couleurs vives, agrémentées de perles de verre et de miroirs cousus selon la technique de l’appliqué, et considéré


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