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NEUBERGER MUSEUM OF ART 99 saillante aux dents pointues et les pieds tournés vers l’intérieur. Hirshberg ignorait que l’oeuvre était atypique dans son style ; elle ne savait pas non plus qu’elle pouvait être rattachée à un maître-sculpteur, Aseu Atsa.12 Tout comme Hirshberg, Gussman n’hésitait pas à agrémenter sa collection d’oeuvres atypiques dans leur style ou leur origine ethnique, sans renoncer pour autant à acquérir des pièces témoignant d’une sensibilité plus conventionnelle. Deux sculptures rares se détachent parmi les oeuvres des groupes peuplant le nord-est et le sud-ouest de la R. D. Congo. La première est une figure féminine des Metoko (fig. 10) combinant des formes rondes et angulaires. Les pieds, tournés vers l’intérieur, équilibrent les bras légèrement incurvés vers l’extérieur. Des lignes en pointillé, réalisées au moyen de pigment blanc et représentant des scarifications sont tracées sur le torse, le cou et le dos ; les scarifications sous forme de rectangles visibles sur chaque joue et au dos des parties supérieures des bras constituent un autre élément caractéristique. Il existe peu de documentation sur les Metoko ; il n’est donc pas surprenant que le symbolisme de ces motifs demeure inconnu.13 La seconde oeuvre singulière est une sculpture figurative (fig. 11) attribuée à la vaste région culturelle du nord-ouest de la R. D Congo comprenant entre autres les groupes Nbaka, Ngala et Mongelima.14 Impressionnante de par son corps robuste, elle se caractérise par des bras stylisés maintenus le long du torse, des yeux rapprochés incrustés de coquillages et une bouche en triangle ouvert. La collection Gussman comprend quelques sculptures aux poses inattendues, comme par exemple une figure yaka qui étend ses bras au lieu de tenir ses mains sur sa poitrine (fig. 12). La courbe du nez retroussé – un trait de style propre à ce groupe – s’oppose aux formes anguleuses des fesses et des jambes accroupies. Existe-t-il d’autres figures sculptées dans cette position ? Quelle est sa signification ? À ces questions nous ne donnons que des embryons de réponse.15 Les oeuvres issues des groupes fang ou de leurs voisins s’éloignent également du canon classique. La collection Gussman en abrite deux particulièrement importants. L’un est une harpe anthropomorphe (fig. 13), le seul exemplaire du genre conservé dans un musée américain. Elle a tout d’abord été attribuée aux Fang – un groupe extrêmement prisé des collectionneurs – mais de récentes recherches suggèrent plutôt une origine tsogho ou lumbo.16 Bien que l’instrument ait subi plusieurs modifications,17 l’association des triangles réalisés à partir de pigments rouges et du fond peint à l’aide de kaolin blanc trouve un écho dans la coloration des yeux, l’un enduit de kaolin blanc et l’autre de pigment rouge. La deuxième pièce notoire est un éventail délicatement sculpté (efegba), (fig. 14), un objet de prestige qui, FIG. 8 : Figure ekpu. Oron, Nigeria. Fin du XVIIIe - début du XIXe siècle. Bois de cam (Pterocarpus). H. : 74,9 cm. Neuberger Museum of Art, Purchase College, State University of New York, inv. 1979.19.04. Don d’Eliot P. Hirshberg issu de la collection d’art africain d’Aimee Hirshberg. Photo : Jose Smith. FIG. 9 : Figure commémorative anyi ou ngwindem. Royaume bangwa non identifié, Cameroun. Attribuée au maître-sculpteur Ateu Atsa ou Efuetlacha, ou à son atelier. Début du XXe siècle. Bois. H. : 87,6 cm. Ex. Coll. Philippe Guimiot, fin des années 1960 ; R. Rolin & Co., 1970-71 et Aimee W. Hirshberg. Neuberger Museum of Art, Purchase College, State University of New York, inv. 1976.28.17. Don d’Eliot P. Hirshberg issu de la collection d’art africain d’Aimee Hirshberg. Photo : Pauline Shapiro.


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