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MUSÉE à la Une 54 Louis Schweizer, Bernadette Chirac et Stéphane Martin au dîner de gala organisé par la Société des Amis. © Musée du quai Branly. Madame Aurélie Filippetti (ministre de la Culture et de la Communication) et Madame Geneviève Fioraso (ministre de la Recherche et de l’Enseignement supérieur) posant devant la statue dogon. © Musée du quai Branly. Statue féminine. Dogon, style Tomo-Ka, Mali, plaine du Seno. Avant 1931. Bois. H. : 69 cm. Ex-coll. Sidney Burney, Londres, avant 1931 ; Michael Sadler, Oxford, avant 1935 ; Jacob Epstein, Londres, avant 1951 ; Carlo Monzino, Lugano. Musée du quai Branly, photo : avec l’aimable autorisation de Christie’s. LES MUSÉES RENFORCENT LEURS COLLECTIONS Musée du quai Branly, Paris—Le 9 septembre dernier, la veille du coup d’envoi de la XIIIe édition du Parcours des mondes, la Société des Amis du musée du quai Branly a réuni la fine fleur des arts premiers – collectionneurs, marchands et conservateurs de prestige – ainsi que des personnalités de la sphère culturelle et politique – dont les ministres de tutelle du musée : Madame Aurélie Filippetti (ministre de la Culture et de la Communication) et Madame Geneviève Fioraso (ministre de la Recherche et de l’Enseignement supérieur) – à l’occasion d’un dîner de gala au profit des collections du musée. Cette initiative – une première pour la Société des Amis – a permis la collecte des fonds nécessaires à l’entrée d’une pièce d’exception dans l’unité patrimoniale Afrique : une sculpture féminine dogon (Mali) aux volumes géométriques puissants et dont certains détails de style rappellent l’art bamana – mains aux doigts visibles posées sur les cuisses, tête oblongue au visage parcouru par une longue arête nasale, présence de parures – suggérant une origine dans la plaine limitrophe de l’actuel Burkina Faso. Emblématique du grand art dogon par ses qualités esthétiques, ce personnage, dont la fonction précise nous échappe encore aujourd’hui, doit aussi son importance à ce qu’il illustre un pan de l’histoire du goût occidental, et plus particulièrement britannique, pour les arts d’Afrique. Ses tribulations commencèrent en 1935, quand il fut sélectionné par William Fagg et Charles Ratton pour figurer dans l’exposition du MoMA Africa Negro Art. Cette même décennie, il changea trois fois de mains au Royaume-Uni, fascinant tour à tour le marchand londonien S. Burney, Sir Michael Sadler (un historien collectionneur d’art moderne attentif aux avant-gardes de l’époque, directeur de l’université d’Oxford) et enfin l’artiste d’avant-garde Jacob Epstein, qui le conserva jusqu’à sa mort en 1959. C’est à ce dernier que Chris Marker et Jean Resnais l’empruntèrent pour l’inclure dans leur courtmétrage Les statues meurent aussi (1953), longtemps censuré pour sa critique de la politique coloniale française. Au décès d’Epstein, le collectionneur Carlo Monzino s’en porta acquéreur. Il retourna une fois de plus à New York en 1986 pour l’exposition African Aesthetics: The Carlo Monzino Collection organisée au Center for African art de New York en 1986 sous la houlette de Susan Vogel. Avec son entrée au quai Branly, la pièce accède à un nouveau statut d’ « oeuvre muséale », augure d’une longue vie dans les vitrines d’une institution de prestige ; une existence vouée à faire avancer la connaissance dans le domaine des arts d’Afrique et à susciter de vives émotions chez le visiteur.


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