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30 EN HAUT : Sanza giangbwa. Zande. Uele. R. D. Congo M0.0.7602, collection MRAC. © MRAC, Tervuren, photo : R. Asselberghs. CI-CONTRE ET CI-DESSOUS : Portrait de Guido Gryseels, directeur du MRAC et une vue du musée. © MRAC, Tervuren, photo : Jo Van de Vyver. Le musée royal d’Afrique centrale à la BRAFA : trois questions à Guido Gryseels Après la Fondation Roi Baudouin et le théâtre de la Monnaie, c’est au tour du musée royal d’Afrique centrale de Tervuren d’être l’invité d’honneur de ce salon prestigieux. Nous avons interrogé Guido Gryseels, directeur de ce lieu emblématique, sur les motivations et les implications de cette initiative. Tribal Art Magazine : C'est la première fois que le musée que vous dirigez sera présent à un salon commercial, et ce, en qualité d'invité d'honneur. Qu'est-ce que cela représente pour votre institution et qu'en attendez-vous ? Guido Gryseels : Cette invitation est révélatrice du rôle social et culturel que des musées comme le MRAC représentent dans le paysage culturel belge. À ce titre, nous sommes comblés par l’honneur que nous font les organisateurs de la BRAFA en nous accueillant, d’autant plus que cette initiative suivra de peu une date fort symbolique pour nous, puisque le 2 décembre prochain, le musée fermera ses portes pour une rénovation en profondeur qui devrait durer trois ans. Nous profiterons de cette occasion pour partager avec le public de la BRAFA les questions que nous nous posons sur le musée de demain, que nous voulons un lieu de mémoire, un espace de rencontre entre les générations autour des arts de l’Afrique et des cultures africaines – y compris l’Afrique contemporaine – et dont les collections apparaîtront comme autant de passerelles entre l’institution et ses publics. T. A. M. : Qu'est-ce que le visiteur découvrira sur votre stand ? G. G. : Pendant la BRAFA, le MRAC proposera, sur trois cent cinquante mètres carrés, l’exposition Des collections singulières, une rencontre privilégiée autour d’oeuvres phare, dont certaines ont contribué à forger la notoriété du musée et d’autres sont moins emblématiques, mais résolument impressionnantes ou singulières d’un point de vue plastique ou émouvantes de par leur histoire. Cette promenade insolite se déclinera en quatre temps : le premier renverra à la notion d’imaginaire, construit en Occident autour de certaines oeuvres africaines ; une fascination qui doit tout à l’étrange complexité des systèmes de pensée qu’elles reflètent. Dans un second temps, le public sera confronté à la surprenante matérialisation de certains objets qui, par leurs dimensions, leur forme ou leur facture, s’éloignent de l’image classique que l’on a des arts de l'Afrique, pouvant exprimer ou mettre en scène des fragments d’un univers tout aussi inhabituel. Le troisième volet sera consacré à des histoires, modestes ou épiques, en rapport avec les collections ; aussi proposerons-nous des récits de collectes et de collecteurs. Pour clore le parcours, place à la musique dans sa dimension matérielle – les instruments de musique – et immatérielle, avec la présentation d’extraits sonores. Nous tenons à rappeler dans cette exposition que le MRAC est une institution à vocation encyclopédique, et probablement l’un des seuls musées d’Europe à s’être ainsi consacré à l’étude du continent africain sous de multiples angles : l’archéologie, l’histoire, la culture, la linguistique, l’art, l’environnement, la géologie, la botanique, mais aussi la zoologie. C’est tout naturellement – et non sans malice ! – que nous avons agrémenté l’accrochage de quelques spécimens zoologiques ou géologiques dont la singularité ou la dimension esthétique ne manque pas de surprendre. T. A. M. : Comment concevez-vous les rapports entre les musées et le marché de l'art, dans le domaine des arts extra-européens ? G. G. : Les musées ont toujours été en contact avec des antiquaires et des marchands, et c’est certainement une bonne chose. Dans le domaine précis des arts extra-européens, cela soulève cependant des questions particulières, voire même sensibles, d’un point de vue éthique car ceux-ci renvoient à des populations qui existent encore aujourd’hui pour la plupart, mais dont les artistes n’ont autrefois pas signé leurs oeuvres. Pour éviter les abus qui ont pu être commis dans le passé, dans le commerce de ces arts, il y a aujourd’hui une série de règles, préconisées notamment par l’ICOM (Conseil international des musées) – dont le musée est membre – que les marchands, les collectionneurs et les musées publics doivent respecter. C’est ainsi que nous mettons un point d’honneur à n’acquérir que des pièces pour lesquelles les attestations nécessaires sont disponibles.


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