FIG. 5 : Fragment de serrure. Senufo, Mali. Bois. H. : 30 cm. Photo : Alex Arthur. FIG. 6 : Sommet de pagaie. Îles Salomon. Bois et pigments. H. : 153 cm. Photo : Alex Arthur. 122 veux dire : des statuettes léchées, avec mille petites tresses et scarifications… Notre approche est esthétique et non ethnographique. Nous comprenons très bien les personnes qui s’intéressent abondamment à ce que signifient les objets pour ceux qui les ont fabriqués, à la tradition qu’ils représentent, à l’usage rituel qui en était fait. Mais, en ce qui nous concerne, nous n’engageons pas systématiquement de recherches poussées. Cela ne veut pas dire nous ne nous documentons pas : nous achetons et lisons beaucoup de livres et de revues. Cependant, notre démarche n’est pas de nous documenter en priorité avant un achat. Nous menons plutôt une « enquête de curiosité », le plus souvent après l’acquisition. T. A. M. : Si l’on observe les pièces sur lesquelles vous avez jeté votre dévolu – parmi lesquelles se trouvent, par exemple, un oiseau sakalava de Madagascar ou encore une statue batoufam du Cameroun étonnamment ravinés –, on voit que vous êtes sensible aux effets de matière, à l’usure du bois. Natacha Lequesne : Ah ça, c’est surtout moi qui pousse à acheter ce type d’oeuvres ! C'est ainsi que fut acquit cet étonnant Batoufam (fig. 8) chez Bernard Dulon. T. A. M. : Nous sommes donc face à une collection qui se construit à deux voix… Formez-vous un couple de collectionneurs ou bien êtes-vous deux collectionneurs mariés ? M. L. : Nous sommes mariés depuis vingt-cinq ans et ma femme a été contaminée après une bonne dizaine d’années. N. L. : Oui, j’ai eu un peu de mal à me faire à l’esthétique africaine. Elle me semblait dure, un peu oppressante… Et puis, en traînant dans les galeries et les musées, mon oeil est devenu réceptif, la complicité est venue, et en voyant que je pouvais participer à la passion de mon mari, je me suis laissée prendre au jeu ! M. L. : Et à présent, Natacha acquiert des oeuvres sans moi ! N. L. : Et pas des moins attachantes ! T. A. M. : Donc deux collectionneurs mariés… N. L. : C’est une façon de le présenter ! Il est vrai qu’il nous est arrivé de rentrer, certains soirs, de tel Parcours des mondes, chacun avec « son » objet. Mais le plus souvent, nous nous encourageons mutuellement : l’un de nous deux soutient l’autre dans telle acquisition qui lui paraît valable, même si nos goûts diffèrent un peu dans FIG. 7 : Figure de gardien de reliquaire. Mahongwe, Gabon. Bois et métal. H. : 24 cm. Photo : Alex Arthur. FIG. 8 : Sculpture. Batoufam, Cameroun. Bois. H. : 83 cm. Photo : Alex Arthur. PERSONNALITÉ
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