Page 62

XVII-4 Cover FR final_Cover

KANAK, L’ART EST UNE PAROLE Paris—Si l’art kanak constitue l’une des formes artistiques majeures de l’aire culturelle mélanésienne, et donc du monde océanien, les expositions sur le sol français qui lui sont dédiées demeurent fort rares. Jusqu’à aujourd’hui, les deux seuls événements marquants avaient été une Exposition néo-calédonienne au musée de l’Homme en 1934 et De jade et de nacre : patrimoine artistique kanak, importante rétrospective présentée à Nouméa et à Paris en 1990. Deux faits prédisposent pourtant la France à s’intéresser spécifiquement à la culture néo-calédonienne. D’abord l’existence d’une histoire coloniale ancienne et complexe (la Nouvelle-Calédonie relève de la souveraineté française depuis 1853) dont les prolongements contemporains se concrétisent autour de la question brûlante de l’autodétermination. Ensuite – ce second fait étant la conséquence du premier – la présence sur le territoire métropolitain français de très nombreux témoignages de l’art kanak, déposés dès le XIXe siècle dans différents musées, à Paris comme en province. Pour les commissaires, Emmanuel Kasarhérou et Roger Boulay, le projet d’une nouvelle manifestation devait donc naturellement aller de pair avec celui d’un récolement actif du patrimoine kanak dispersé en France mais aussi de par le monde. Ce vaste inventaire, lancé depuis 2011, a permis la découverte d’objets inédits et importants dont la nouvelle exposition du musée du quai Branly se fera l’écrin. Kanak, l’art est une parole rassemblera ainsi, du 15 octobre 2013 au 26 janvier 2014, plus de trois cents oeuvres et documents exceptionnels issus des collections publiques d’Europe et de Nouvelle Calédonie selon un cheminement tenant compte des nouvelles données muséographiques, anthropologiques et historiques disponibles. Le parcours principal sera divisé en cinq étapes : Le verbe et la Parole ; La maison et le pays ; Le taro et l’igname ; Les ancêtres et les esprits ; La personne et ses liens. Il proposera ainsi de revisiter le patrimoine artistique kanak en donnant avant tout la parole aux Kanaks eux-mêmes. Un parcours parallèle offrira un contrepoint passionnant en interrogeant le regard occidental sur le monde kanak à travers de nombreux témoignages documentaires. En écho à l’exposition parisienne, plusieurs musées de province possédant des collections d’artefacts néo-calédoniens (Rouen, Cherbourg, La Rochelle, Angoulême, Rochefort, etc.) devraient proposer des manifestations autour de ce patrimoine méconnu. EN HAUT À GAUCHE : Flèche faitière de grande maison cérémonielle. Faîte de case. © musée du quai Branly Hugues Dubois. EN BAS À GAUCHE : Chambranle de porte. © musée du quai Branly Hugues Dubois. Affiche de l’exposition KANAK, l’art est une parole. © musée du quai Branly.


XVII-4 Cover FR final_Cover
To see the actual publication please follow the link above